Tuerie d'Orlando: colère d'Obama après une attaque de Donald Trump

Barack Obama le 14 juin 2016, - Capture d'écran YouTube d'une vidéo d'Associated Press.
D’ordinaire, le président américain fait preuve d’une certaine réserve à la fin de son second mandat et prend garde à ne pas peser sur la campagne menant à l’élection de son successeur. Tout au plus, se permet-il de soutenir le candidat de son camp. Mais, à n’en pas douter, l’élection présidentielle qui se profile aux Etats-Unis pour la fin de l’année 2016 est un cas particulier. Barack Obama a dû monter au créneau ce 14 juin pour doucher la dernière sortie enflammée de Donald Trump, l'adversaire républicain d'Hillary Clinton dans la course à la Maison blanche.
Un sulfureux meeting
Le 13 juin, le milliardaire donnait un meeting dans le New Hampshire, auquel assistait notamment le magazine The Atlantic. Il s’agissait de sa première occasion de réagir au massacre du Pulse à Orlando lors duquel Omar Mateen a tué 49 personnes. Pour éviter qu’une telle tragédie se reproduise à l’avenir, Donald Trump a appelé à stopper "l’immigration en provenance de pays ayant un passé de terrorisme contre les Etats-Unis".
Par la suite, il a reproché aux musulmans américains de ne "pas dénoncer" les terroristes. Le patron de l’immobilier new-yorkais a même poussé le bouchon un peu plus loin encore, en s’en prenant, de manière insidieuse, à Barack Obama:
"Nous sommes dirigés par un homme qui, au choix, n’est pas fort, pas malin, ou qui a quelque chose d’autre en tête. Et ce 'quelque chose en tête', vous savez, les gens ne peuvent pas y croire. Les gens ne peuvent croire au comportement de Barack Obama qui ne peut même pas prononcer les mots de 'terrorisme islamique radical'. Il se passe quelque chose. C’est inconcevable. Il se passe quelque chose"
"Mais où ça va s'arrêter?"
C’est à la suite de cette tirade lourde de sous-entendus que Barack Obama a pris la parole à Washington, signale le site de RFI, après une réunion de son conseil de sécurité nationale. Et s'il ne prononce pas les mots d’"islam radical", il ne prononce pas davantage le nom de Donald Trump. Car c’est sans le nommer que le président américain a descendu en flammes celui qui cherche à lui succéder:
"On entend un discours qui pointe les immigrés et suggère que des communautés religieuses entières soutiennent la violence… mais où ça va s’arrêter? Va-t-on commencer à traiter tous les musulmans américains différemment? Va-t-on les soumettre une surveillance spéciale? Va-t-on les discriminer sur la base de leur foi?"
Entre le soutien de raison et le rejet anti-Trump, le coeur des Républicains balance
La position des cadres du parti Républicain a ensuite été mise en question. Il faut dire que les dirigeants du "Grand Old Party" apparaissent gênés aux entournures après le dernier discours de Donald Trump. Avant cela, Paul Ryan le "speaker" républicain, c’est-à-dire le président de la Chambre des représentants, avait attendu plusieurs jours avant de soutenir officiellement la candidature de l’homme d’affaires alors que celle-ci était devenue inévitable. C’est donc tout naturellement que Barack Obama a appuyé sur cette plaie: "Les dirigeants républicains sont-ils d’accord avec tout ça? Parce que ce n’est pas l’Amérique que nous voulons."
Le précédent Clinton
Ce duel à distance en a rappelé un autre à la mémoire d’un journaliste du New York Times. En 2000, quelques mois avant de devoir quitter son poste et le laisser à son successeur, Bill Clinton avait raillé le côté "fils à papa" de George W. Bush. Il avait ainsi imité la voix du Républicain et déclaré: "J’ai été gouverneur du Texas. Mon papa était président. Je suis propriétaire d’une équipe de base-ball. Ils m’adorent en ville."
George Bush père avait rétorqué, ulcéré: "Si monsieur Clinton continue comme ça, je dirais à la nation ce que je pense de la personne et de l’être humain qu’il est." Comparé à ce que nous connaissons aujourd’hui, cela ressemble à un échange de politesses.