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Moyen-Orient

USA et France accentuent leurs pressions sur la Syrie d'Assad

"De notre point de vue, il a perdu toute légitimité, il n'a pas tenu les promesses qu'il avait faites, il a recherché et accepté l'aide des Iraniens pour réprimer son peuple", a déclaré Hillary Clinton aux journalistes à Washington

"De notre point de vue, il a perdu toute légitimité, il n'a pas tenu les promesses qu'il avait faites, il a recherché et accepté l'aide des Iraniens pour réprimer son peuple", a déclaré Hillary Clinton aux journalistes à Washington - -

Après l'attaque des ambassades de France et des Etats-Unis en Syrie par des partisans du pouvoir, Washington a estimé que le président Bachar al Assad perdait toute légitimité et Paris a réclamé mardi une réunion du Conseil de sécurité de l'Onu.

Les condamnations formulées par la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton et le Premier ministre français François Fillon sont les plus fortes à viser le dirigeant syrien en quatre mois de révoltes populaires implacablement réprimées.

"De notre point de vue, il a perdu toute légitimité, il n'a pas tenu les promesses qu'il avait faites, il a recherché et accepté l'aide des Iraniens pour réprimer son peuple", a déclaré Hillary Clinton aux journalistes à Washington, ajoutant qu'Assad n'était "pas indispensable".

"Nous n'avons strictement aucun intérêt à son maintien au pouvoir", a-t-elle ajouté lors d'une intervention aux côtés de Catherine Ashton, porte-parole de la diplomatie européenne.

Pour François Fillon, "le président Assad a franchi toutes les limites et le silence du Conseil de sécurité des Nations unies sur la Syrie devient insupportable".

LE CONSEIL DE SÉCURITÉ DOIT RÉAGIR, DIT PARIS

Le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, ont déploré l'incapacité des Nations unies à se prononcer sur la Syrie en raison d'un blocage de la Russie et de la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité.

Paris veut obtenir la condamnation des attaques organisées contre son ambassade et celle des Etats-Unis dans la capitale syrienne.

"Nous voulons que le Conseil de sécurité se prononce sur ce qui s'est passé", a déclaré Bernard Valero, porte-parole du Quai d'Orsay, lors d'un point de presse.

Sur Europe 1, François Fillon a déclaré que la situation en Syrie n'était "plus acceptable".

"Ce qui s'est passé encore hier soir, avec des agressions extrêmement violentes contre l'ambassade de France à Damas et l'ambassade des Etats-Unis, montre que ce régime est dans une fuite en avant", a-t-il ajouté.

La Syrie a promptement dénoncé les propos d'Hillary Clinton, que l'agence officielle Sana a qualifié de "provocateurs" et destinés à "alimenter la tension intérieure".

"Ces propos sont une nouvelle preuve de l'intervention flagrante des Etats-Unis dans les affaires intérieures de la Syrie. La légitimité des dirigeants syriens ne se fonde pas sur les Etats-Unis (...), elle résulte de la volonté du peuple syrien", écrit l'agence de presse.

Lundi, des partisans du président Assad ont attaqué et endommagé les ambassades américaine et française, obligeant des gardes de la mission française à procéder à des tirs de sommation pour éloigner la foule.

CONDAMNATIONS VERBALES

Ces événements intervenaient trois jours après une visite des ambassadeurs français et américain dans la ville de Hama, l'un des principaux foyers de contestation du régime syrien.

Le mouvement déclenché en mars, qui vise aujourd'hui à obtenir le départ de Bachar al Assad et la chute de son régime, est motivé par un refus de la corruption, de la pauvreté et de la répression.

Damas y a réagi à la fois par la force et par des promesses de réformes, envoyant soldats et chars dans les villes pour y écraser des soulèvements tout en ouvrant un "dialogue national" repoussé par l'opposition. Des milliers d'arrestations ont eu lieu dans le pays.

Les gouvernements occidentaux ont condamné le recours du régime à la violence mais leur réaction reste limitée à des sanctions contre de hauts responsables, sans rapport avec l'intervention militaire décidée en Libye contre le colonel Mouammar Kadhafi.

La Grande-Bretagne a condamné mardi les attaques contre les ambassades américaine et française, soulignant que les autorités syriennes n'avaient pas protégé ces missions diplomatiques alors que le droit international en fait une obligation.

"C'est un sujet de préoccupation direct pour le Royaume-Uni et tous les pays disposant de missions diplomatiques en Syrie. Tous les Etats membres de l'UE présents en Syrie réclament aujourd'hui des assurances du ministère syrien des Affaires étrangères", a déclaré Alistair Burt, secrétaire d'Etat au Foreign office britannique.

Les analystes disent douter que les seules condamnations verbales aient le moindre effet sur Bachar al Assad, qui peut compter sur le soutien de l'Iran, du Hezbollah libanais et d'une grande partie de la minorité alaouite d'où est issue sa famille.

Avec Oliver Holmes, Elizabteh Pineau à Paris; Philippe Bas-Rabérin pour le service français

REUTERS