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Moyen-Orient

Paris veut lever rapidement l'embargo sur les armes en Syrie

Dans un quartier d'Alep, en Syrie.

Dans un quartier d'Alep, en Syrie. - -

La France et le Royaume-Uni ont appelé jeudi à lever rapidement l'embargo européens sur les livraisons d'armes à l'opposition syrienne, faute de quoi Paris pourrait agir unilatéralement. Claude Guéant, ancien ministre de l'Intérieur s'est opposé ce vendredi sur RMC à cette décision.

Paris et Londres veulent soutenir plus efficacement les rebelles syriens qui se lèvent contre le régime de Bachar el-Assad en passant, si nécessaire, outre l'embargo de l'union européenne sur l'armement des reblles. Le président français a évoqué devant la presse les 100 000 victimes qu'a fait selon lui le conflit qui a débuté il y a 2 ans, le 15 marsd 2011, ainsi que « des craintes quand à l'utilisation des armes chimiques » par le régime du président syrien Bachar al Assad. « Nous avons pour objectif, le Royaume-Uni et la France, de convaincre nos partenaires avant la fin du mois de mai et si possible avant », a indiqué le président français lors d'une conférence de presse jeudi soir. « Si d'aventure il devait y avoir un blocage d'un ou deux pays, je connais un certain nombre de réticences, alors, je ne peux pas m'engager pour d'autres que la France, mais la France elle-même, prendrait ses responsabilités », a averti le chef de l'Etat. François Hollande s'est entretenu en privé avec le Premier ministre britannique David Cameron en marge du sommet et les Vingt-Sept discuteront ensemble vendredi du dossier.
Cette décision n'est pas vraiment appréciée par l'opposition en France. Ce vendredi sur RMC, Claude Guéant, ancien ministre de l'Intérieur, s'est clairement opposé à une telle mesure quand Hervé Morin, toujours sur RMC se pose la question de l'avenir de ces armes une fois le régime de Bachar al Assad tombé.

Un véto pour lever l'embargo

Les décisions européennes en matière de politique étrangère se prenant à l'unanimité des Vingt-Sept, il suffirait à la France ou au Royaume-Uni d'opposer leur veto à cette reconduction pour que l'embargo soit automatiquement levé, ce qui lui permettrait de livrer des armes susceptibles d'établir un équilibre des forces. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait déjà annoncé jeudi matin que Paris et Londres pourraient voter contre la reconduction de l'embargo européen sur les livraisons d'armes à l'opposition syrienne.Laurent Fabius a ajouté que Paris et Londres demanderaient d'avancer la réunion des ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept prévue le 22 avril pour réexaminer le maintien de l'embargo reconduit le 1er mars dernier jusqu'au 31 mai. « Il faut aller très vite », a-t-il dit. « Les Européens devraient reprendre cette question dans quelques semaines mais nous allons demander avec les Britanniques que la réunion qui prévoit l'examen de tout ça soit avancée ». « S'il n'y a pas de position commune, de position internationale commune, il pourrait y avoir une position commune de la France et de la Grande-Bretagne pour armer l'opposition », a-t-il dit en précisant qu'il s'agissait de « lever l'embargo ».

« Agir à notre façon »

Le Premier ministre britannique David Cameron avait adopté dès mardi une position similaire. « J'espère que nous réussirons à convaincre nos partenaires européens et que si de nouvelles modifications (à l'embargo en vigueur, NDLR) se révèlent nécessaires, ils seront d'accord avec nous », a déclaré le Premier ministre britannique devant une commission parlementaire. « Mais s'ils ne le peuvent pas, alors il n'est pas totalement exclu que nous soyons obligés d'agir à notre façon. C'est possible », a-t-il dit. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, s'est déclaré jeudi dans un communiqué prêt à « discuter immédiatement » de la nécessité d'une modification des sanctions qui frappent la Syrie, dont l'embargo fait partie. Selon un responsable français de haut rang, la livraison à l'opposition de missiles sol-air susceptibles d'abattre les avions du régime de Bachar al Assad est envisagée.
« Les arguments bien connus contre la livraison d'armes aux rebelles - trouver d'abord une solution politique, ne pas militariser la situation ou la crainte que les armes ne tombent dans de mauvaises mains - perdent de leur impact », dit-il. « Nous avons maintenant identifié où les armes peuvent aller et qui peut les obtenir. La pression sur Bachar ne fonctionne pas et nous ne pouvons pas accepter qu'une partie continue à se faire assassiner », a-t-il ajouté. La Russie a réaffirmé quant à elle mercredi son opposition à la fourniture d'armes à l'opposition. « Je pense que le droit international stipule que cela n'est pas possible et je pense qu'armer l'opposition est une infraction au droit international », a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors d'une conférence de presse à Londres.

La Rédaction avec Reuters