Israël: un policier israélien et un palestinien tués lors d'une opération de démolition

Des policiers israéliens à Umm al-Hiran face aux manifestants contre la démolition d'un village bédouin, le 18 janvier 2016 - MENAHEM KAHANA, AFP
La pratique israélienne controversée de démolition de villages bédouins a très mal tourné mercredi dans une communauté emblématique du sud du pays où un policier et un Arabe ont été tués dans des circonstances différentes selon les versions de la police et des villageois.
Les policiers avaient été dépêchés massivement dans le village d'Umm al-Hiran, dans le désert du Néguev, pour sécuriser la démolition de plusieurs maisons de bédouins, dépourvues selon les autorités israéliennes de permis nécessaires.
A l'arrivée des policiers, "un véhicule conduit par un terroriste du Mouvement islamique a tenté d'attaquer un groupe de policiers en les percutant. Les policiers ont riposté", tuant le chauffeur, a dit un porte-parole de la police, Micky Rosenfeld. Un policier, Erez Levi, 34 ans, a trouvé la mort et d'autres policiers ont été blessés dans les évènements, a-t-il dit.
Plusieurs villageois et l'assistant du député arabe Ayman Odeh présent sur place pour soutenir les villageois ont contesté la réalité de l'attaque et le portrait fait du conducteur.
Grenades assourdissantes et gaz lacrymogènes
Le conducteur a été identifié par les villageois comme Yacoub Moussa Abou al-Qiyan, 47 ans, père de famille très nombreuse et propriétaire de l'une des cinq maisons vouées à la démolition.
L'homme descendait doucement la route pour parlementer avec les policiers quand ces derniers lui ont tiré dessus et il a perdu le contrôle de son véhicule, ont dit plusieurs villageois.
Les policiers "ont agressé le député et les autres gens, des manifestants, avec des grenades assourdissantes et des gaz lacrymogènes tirés directement dans le visage", a dit l'assistant parlementaire Anan Maalouf à la radio israélienne.
Des engins de chantier ont entrepris la démolition en fin de matinée, sous la protection massive de policiers armés de fusils et tenant les villageois et les femmes en sanglots à distance.
Le gouvernement israélien a approuvé en novembre 2013 la construction de deux localités, Kesif et Hiran, à la place du village dont la Cour suprême a ensuite approuvé l'évacuation.
Villages non-reconnus par Israël
Umm al-Hiran fait partie des nombreux villages de bédouins non officiellement reconnus par Israël. Les autorités offrent aux habitants de déménager dans un village voisin, reconnu quant à lui.
La grande majorité des Bédouins d'Israël vivent dans le Néguev. Certains ont conservé une existence semi-nomade, d'autres l'ont abandonnée tout en restant attachés à leurs traditions.
Adalah, une ONG de défense de la minorité arabe, chiffre les Bédouins du Néguev à 300 ou 330.000. Ils se plaignent des démolitions répétées, de relocalisations forcées et de spoliation de leurs terres.
Les autorités israéliennes dénoncent pour leur part des constructions anarchiques, l'absence de titres de propriété et le souci d'améliorer les conditions de vie des Bédouins.