Séisme de l'Aquila : six ans de prison pour les scientifiques

Des pompiers fouillent dans les ruines après le séisme qui a touché la région de l'Aquila, en Italie, dans la nuit du 6 avril 2009. - -
Six ans pour "homicide par imprudence". C'est la peine prononcée lundi par le tribunal de la ville des Abruzzes, en Italie, à l'encontre des scientifiques accusés d'avoir sous-estimé les risques avant le séisme meurtrier de L'Aquila en 2009. Ce dernier avait causé la mort de 309 personnes.
Quatre ans de prison avaient été requis fin septembre contre ces sept membres de la Commission italienne "grands risques", dont six experts des séismes et le sous-directeur de la Protection civile, Bernardo De Bernardinis. La défense avait réclamé leur acquittement, arguant du fait qu'aucun scientifique ne peut prévoir un tremblement de terre.
Parallèle avec le 11-Septembre
"On ne peut pas appeler ça une victoire. C'est une tragédie, de toute façon, ça ne ramènera pas nos proches", a réagi Aldo Scimia, dont la mère a été tuée dans le séisme. "Je continue d'appeler ça un massacre commis par l'Etat, mais au moins nous espérons que nos enfants auront des vies plus sûres", a-t-il ajouté.
Avant le prononcé du verdict, le procureur Fabio Picuti n'avait pas hésité à établir une comparaison avec l'évaluation des risques terroristes aux Etats-Unis lors des attentats du 11 septembre 2001. "Après le 11 septembre, le rapport qui démontrait une analyse insuffisante des risques en rapport avec l'attentat a conduit à la démission du chef de la CIA et de son adjoint. Cela montre qu'un tel raisonnement existe" ailleurs, avait-il affirmé.
Un verdict historique
Au-delà du verdict, ce procès est qualifié "d’historique" par les médias italiens. Il pose en effet la question de la responsabilité des scientifiques face à des catastrophes naturelles. Peuvent-ils avec les moyens actuels prévoir ce type d'événement et protéger en conséquence les populations ?
Pour Jean-Paul Vey, professeur de sismologie interrogé par le Figaro, "ce verdict est proprement hallucinant." "Les faits sont pourtant simples : on est encore incapables de prévoir les séismes", tranche le spécialiste. C'est la première fois que des scientifiques sont condamnés dans une affaire de ce type.