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Migrants à Vintimille: France et Italie se renvoient la balle

Des migrants à Vintimille, en Italie, le 15 juin.

Des migrants à Vintimille, en Italie, le 15 juin. - Jean-Christophe Magenet - AFP

A Vintimille, petite ville italienne à la frontière française, 200 migrants sont toujours bloqués, repoussés par les policiers italiens, et empêchés de passer en France par les douaniers. Une situation de blocage dont Paris et Rome se renvoient la responsabilité.

Paris et Rome se sont engagés dans une véritable guerre des mots dans le dossier des migrants, sur fond de crise à Vintimille. Plusieurs centaines de migrants, pour la plupart originaires d'Afrique subsaharienne, sont présents depuis jeudi dernier à la frontière franco-italienne, et notamment dans cette petite ville située à la frontière avec la France.

Empêchés par les autorités françaises de franchir la frontière, repoussés vers la France par les policiers italiens, les migrants refusent de quitter les lieux, et restent massés à la frontière, certains se réfugiant sur des rochers en bord de mer, d'autres dans la gare de Vintimille. Au cours de la journée de dimanche, pancartes et slogans à l'appui, plusieurs d'entre eux ont manifesté leur désir de gagner divers pays européens, en passant par la France. 

"Coup de poing dans la figure" de l'Europe

Face à cette situation de blocage, l'Italie a haussé le ton face vis-à-vis de la France, qui nie catégoriquement avoir bloqué sa frontière à Vintimille. Les dizaines de migrants qui campent là-bas sur des rochers sont "un coup de poing dans la figure" de l'Europe, a ainsi déclaré le ministre italien de l'Intérieur, Angelino Alfano.

Ils ne "veulent pas rester en Italie mais veulent aller en Europe", a expliqué le ministre, comme pour enfoncer le clou de la nécessité d'une réponse de l'Union européenne à cette crise, la veille d'une réunion avec ses homologues européens au Luxembourg.

La frontière n'est "pas bloquée", assure Cazeneuve

En réponse à ce haussement de ton du gouvernement italien, le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a assuré ce lundi matin sur BFMTV que la frontière franco-italienne n'était pas "bloquée" à Vintimille, mais que la France faisait respecter les règles européennes prévoyant que soient "réadmis" en Italie les migrants enregistrés dans ce pays.

"Que se passe-t-il à Vintimille? Il y a la nécessité de faire respecter les règles de Schengen et de Dublin. Quelles sont ces règles? Lorsque des migrants arrivent en France, qu'ils sont passés par l'Italie et qu'ils ont été enregistrés en Italie, le droit européen implique qu'ils soient réadmis en Italie", a expliqué Bernard Cazeneuve. "Il n'y a pas de blocage de la frontière, parce que nous sommes dans un espace ouvert, il y a simplement le respect à la frontière franco-italienne des règles de Schengen et de Dublin", a-t-il souligné.

Vers l'octroi de permis provisoires?

Afin d'apaiser les tensions, le Commissaire européen aux migrations, le Grec Dimitris Avramopoulos, a prévu de rencontrer mardi, en amont de ce conseil, les ministres français, allemand et italien de l'Intérieur. "Si l'Europe choisit la solidarité, c'est bien. Si elle ne le fait pas, nous avons un 'plan B' tout prêt. Mais qui frapperait surtout l'Europe en premier", avait prévenu dimanche le Premier ministre italien Matteo Renzi, sans donner plus de précision.

Il pourrait s'agir de mettre en place "des permis provisoires aux demandeurs d'asile afin de leur permettre de traverser la frontière et de circuler", ou "une opération de police contre les passeurs en Libye à laquelle participerait l'Egypte", croit savoir le Corriere della Sera, dans son édition de ce lundi.

Samedi soir, après avoir campé deux jours à la frontière franco-italienne, des migrants venus majoritairement d'Afrique avaient été repoussés par la police italienne vers Vintimille, à 5 km du poste-frontière. L'Italie se débat pour accueillir des vagues successives de migrants alors que plus de 100.000 migrants et réfugiés sont arrivés en Europe depuis le début de l'année par la Méditerranée. 

Adrienne Sigel, avec AFP