Attentats de Bruxelles: ce que révèle le nouvel avis de recherche de "l'homme au chapeau"

Avis de recherche lancé pour retrouver "l'homme au chapeau" diffusée par la police fédérale belge. - Police fédérale belge - AFP
"L'homme au chapeau" est désormais aussi "l'homme à la veste". Un nouvel avis de recherche a été lancé jeudi pour retrouver l'un des suspects principaux dans les attentats du 22 mars à Bruxelles. Le parquet fédéral belge a diffusé une vidéo digne d'un film policier, avec musique de circonstance, retraçant le parcours de l'individu qui poussait un chariot aux côtés des deux kamikazes de l'aéroport de Zaventem. Pourquoi les enquêteurs diffusent-ils ces images quinze jours après les faits? Cette technique peut-elle être efficace? Dominique Rizet, spécialiste police justice sur BFMTV, apporte son éclairage.
Que sait-on de cet homme?
La justice belge a livré de nouveaux éléments sur le parcours de celui qu'on surnomme désormais "l'homme au chapeau". Il est celui qui accompagnait les deux kamikazes de l'aéroport de Zaventem. A leurs côtés, il poussait un chariot avec un engin explosif qui n'a, soit pas fonctionné, soit pas été déclenché. Contrairement à ses acolytes, il ne portait pas de gants à sa main gauche.
La police a espéré le tenir parce qu'il y avait un ADN sur le chariot de l'aéroport. Mais il n'a pas pu être identifié. Un homme a dans un premier temps été suspecté: Faycal Cheffou. Après avoir fait un peu de journalisme, le jeune homme s'est radicalisé. Mais il dispose d'alibis solides et est finalement relâché. Le premier: il ne fait pas la taille de l'homme qu'on voit sur les images. Et surtout, l'ADN retrouvé ne correspond pas au sien. Il est remis en liberté mais reste malgré tout mis en examen.
L'objectif du parcours dévoilé devant les journalistes est donc d'essayer d'obtenir de nouvelles informations. La compilation d'images de différentes caméras de vidéosurveillance montre que le suspect est passé devant un hôtel après avoir déposé son chariot avec des explosifs à l'aéroport. Il s'est ensuite rendu dans un parking avant de quitter la zone de l'aéroport. Pendant sa fuite, qui a duré près de 2 heures, le jeune homme s'est débarrassé de sa veste. Sa trace a finalement été perdue dans les rues de Bruxelles.
Pourquoi sa tenue est-elle précisément détaillée?
Sa silhouette est connue depuis maintenant 15 jours, mais son visage caché est difficilement identifiable. Les enquêteurs ont donc mis l'accent sur les particularités de sa tenue pour tenter de faire remonter des souvenirs. Des photos en gros plan de son chapeau, de sa veste, de sa chemise et de ses chaussures ont été diffusées en même temps que la vidéo.
A moment qui n'a pas pu être capturé par une caméra, le suspect se débarrasse de sa veste mais garde son chapeau qui lui permet de rester inaperçu. Il l'a abandonnée quelque part et elle reste introuvable. Comme visiblement, cette veste paraît en assez bon état, quelqu'un a dû partir avec. L'appel à témoins sert aussi à inciter une personne qui aurait pu la prendre à la rapporter. La police espère pouvoir retrouver des traces d'un ADN précieux.
Une fois la veste tombée, on peut voir que sa chemise bleue a des empiècements marrons au manche. Ce sont ce type de détails qui peuvent permettre à quelqu'un de se rappeler un élement. Sur le trottoir ou dans une voiture, la particularité d'un vêtement peut avoir retenu son attention. Et cette personne pourrait alors se rappeler que le suspect était au téléphone ou est monté dans une voiture, amenant de nouveaux éléments pour poursuivre l'enquête.
Pourquoi a-t-on tardé à diffuser ces images?
Il est plus que probable que les enquêteurs disposaient de ces éléments depuis le début. Ils avaient d'ailleurs déjà publié une image extraite de la vidéo avec les deux hommes qui se sont fait exploser à l'aéroport. Cela ressemble donc à une ultime tentative des enquêteurs. "A partir du moment où on commence à diffuser des appels à témoins et des images comme cela, c'est qu'effectivement, on est sur expression consacrée des policiers: 'à poil'", commente Dominique Rizet.
La police belge cherche de nouvelles pistes avec l'aide de la police française qui participe à une équipe commune d'enquête. Dans les dernières images enregistrées de "l'homme au chapeau", on le voit téléphoner. Tous les numéros de téléphone qui sont passés par la borne à proximité ont dû être répertoriés. Ce serait étonnant que personne ne se souvienne l'avoir vu. Visiblement, cela n'a rien donné puisque aujourd'hui cet appel à témoins est lancé. Le suspect a tout de même croisé des dizaines et des dizaines de personnes et parcouru un chemin assez long. Tous les espoirs sont permis.