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Asie

Un alpiniste amputé des deux pieds se lance à l'assaut du K2

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Amputé des deux pieds, l'alpiniste équatorien Santiago Quintero s'apprête à partir à la conquête du K2, le deuxième plus haut sommet du monde, qui est aussi considéré comme le plus difficile.

Son amputation des deux pieds ne l'a jamais arrêté. Passionné par les sommets, l'alpiniste équatorien Santiago Quintero s'apprête à repartir à l'assaut des montagnes, et s'attaque cette fois-ci au K2, qui culmine à 8.611 mètres d'altitude dans le massif du Karakoram, à la frontière entre la Chine et le Pakistan. 

Ce sommet, le deuxième plus haut du monde, est aussi considéré comme le plus compliqué, n'effraie pas Santiago Quintero. Ce grimpeur hors normes s'est en effet fixé pour objectif d'escalader d'ici 2019 les 14 principales montagnes dépassant les 8.000 mètres. 

Amputé des deux pieds en 2002

L'Equatorien n'en est pas à ses premiers défis. Et certains se sont mal terminés. En 2002, lors d'une ascension avortée de l'Aconcagua, le plus haut sommet des Andes, Santiago Quintero a dû être amputé de la moitié de ses deux pieds, à la suite de graves engelures. Onze ans plus tard, en 2013, il a terminé une ascension de l'Everest en soins intensifs. "Sans la montagne, je préfère ne pas vivre", explique-t-il pour justifier son retour sur les sommets qui ont failli lui coûter la vie. 

A 41 ans, il espère parvenir à gravir le K2 d'ici le 31 juillet prochain. S'il réussi, il deviendrait le premier alpiniste équipé de prothèses à accomplir cet exploit sans renfort d'oxygène. Avec moins de dix ascensions, cette montagne redoutée a coûté la vie à 81 personnes.

Santiago Quintero s'est déjà mesuré au K2 en 2009 mais a dû renoncer "si près du sommet". "Nous avons eu de mauvaises conditions alors que nous étions à 200 m d'atteindre le sommet et nous nous enfoncions dans la neige jusqu'au torse. Nous avancions à 20 mètres à l'heure et avons dû faire demi-tour", explique-t-il.

Prothèses spéciales

Pour cette nouvelle tentative, l'athlète se prépare intensivement depuis trois ans. Il fera l'ascension sans renfort d'oxygène mais sera suivi d'un accompagnant et équipé de prothèses spécialement conçues pour l'alpinisme, qui ont nécessité cinq ans de fabrication, et avec lesquelles il a depuis conquis sept des 14 Huit-Mille, dont l'Everest, sommet le plus haut de la planète à 8.848 mètres. "Je sais que cette année, nous allons réussir. Je sens quelque chose de spécial", assure Santiago Quintero. 

Son amputation après l'Aconcagua est due en particulier au fait qu'il lui avait alors manqué 100 dollars pour acheter des couvre-bottes imperméables, qui lui auraient évité d'avoir les pieds mouillés par la neige, puis gelés. 

Fort de 25 ans d'escalade en Equateur et d'une trentaine de sommets conquis dans la cordillère des Andes, au Pérou, en Bolivie, en Argentine, en Colombie, ainsi que dans l'Himalaya, l'alpiniste se souvient : "Après ce qui s'est passé dans l'Aconcagua, on m'a dit que plus jamais je ne ferai l'ascension d'une montagne de 5.000 m et que ma carrière était terminée pour toujours". Et ajoute, combatif: "Etre handicapé est une décision personnelle. Personne ne peut me dire comment je suis ou ce que je suis!". 

A.S.