Quel avenir pour Bernie Sanders?

Bernie Sanders, le 7 Juin 2016 à Santa Monica, en Californie. - JONATHAN ALCORN - AFP
Même si Bernie Sanders ne concède toujours pas sa défaite et entend bien participer à l'ultime primaire, totalement symbolique, qui aura lieu mardi à Washington, le sénateur du Vermont a malgré tout affiché ce jeudi à la Maison Blanche sa volonté de travailler avec Hillary Clinton. Que cache cette stratégie? BFMTV.com a interrogé Yannick Mireur, spécialiste des Etats-Unis.
Pourquoi Bernie Sanders mène-t-il une stratégie jusqu'auboutiste?
D'abord, il est normal qu'il souhaite poursuivre son projet. Quand on mène une campagne, on va jusqu'au bout. C'est un accomplissement.
Ensuite, il représente un enjeu clé de l'élection. Sa position correspond à un moment rare. Son discours répond à une attente forte. Il porte des idées plébiscitées par la jeunesse dans un parti démocrate qui manque d'un axe fort. Il veut que l'établissement démocrate contre lequel il s'insurge, l'entende.
Enfin, il y a aussi une possible dimension personnelle. Il veut infléchir les prétendants qui bénéficient de la machinerie. Il s'est probablement senti négligé par les dirigeants du parti qui ne l'auraient pas pris au sérieux.
Cette stratégie ne risque-t-elle pas de nuire au parti ?
Elle le peut bien sûr, si elle est vraiment jusqu'au boutiste, car l'unité du parti derrière Hillary Clinton renforcera sa candidature, alors qu'un affrontement ne ferait qu'entamer sa crédibilité comme candidate.
Ce que fera Bernie Sanders n'est pas écrit. Les échanges qu'il aura avec Hillary Clinton prochainement détermineront sans doute sa conduite. L'écueil pour lui est de ne pas apparaître comme celui dont la persévérance aura contribuée à la défaite de la candidate démocrate et à la victoire de Donald Trump, qui est une abomination pour les soutiens de Bernie Sanders. Il lui faudra en d'autres termes définir clairement où sont ses priorités.
Désormais, comment le sénateur entend-il peser politiquement ?
Dans l'immédiat, je crois que Bernie Sanders aurait intérêt à jouer la carte de l'unité du parti tout en tentant d'en infléchir la politique avec des thèmes sociaux qui lui sont chers.
A plus long terme, et si Hillary Clinton est élue à la tête des Etats-Unis, il pourrait jouer un rôle au sein de l'exécutif ou retenir une influence en étant une sorte de vigie au Sénat. En revanche, il y a peu de chance qu'il soit vice-président, à cause de son âge et parce que ça ne paraît pas cohérent politiquement. Mais ses objections à l'encontre du système américain sont telles que, quelque soit son attitude, il est difficile de l'imaginer devenir un cacique.
Se contentera-t-il de tenter d'infléchir la politique du parti et de conserver une influence législative? Il ne faut pas non plus surestimer son poids politique. Son succès ne doit-il pas plus à la platitude de la candidate et à son manque d'authenticité qu'à une adhésion réfléchie, large et durable à sa vision ?