Le gouvernement Trump appuie une plainte pour discrimination contre Harvard

La prestigieuse université du Massachussets mène une politique de discrimination positive pour faciliter son accès aux personnes issues de minorités - Scott Eisen / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
Le ministère américain de la Justice a accusé jeudi la prestigieuse université de Harvard de discrimination envers les candidats d'origine asiatique, nouvelle manifestation de l'opposition du gouvernement Trump aux politiques dites d'"équilibrage racial".
Dans un argumentaire déposé au tribunal fédéral de Boston, le ministère a apporté son soutien à une plainte déposée par un groupe d'étudiants accusant l'université de donner la priorité pour les inscriptions en première année à des étudiants blancs, noirs et hispaniques, au détriment des candidats asiatiques plus méritants.
Programmes de discrimination positive
Ce nouveau développement intervient deux mois après que le gouvernement Trump a annoncé qu'il annulait le soutien de l'administration de son prédécesseur Barack Obama aux programmes de discrimination positive, par le biais desquels les universités cherchent à accroître le nombre de personnes issues de minorités sous-représentées. Notamment noires et hispaniques.
La plainte déposée en 2014 par l'organisation Students for fair admissions (SFFA) affirme que les politiques de Harvard violent les lois régissant les droits civiques en pénalisant les personnes d'origine asiatique.
"Aucun Américain ne devrait se voir refuser l'admission à une école en raison de sa race", a dit le ministre de la Justice Jeff Sessions.
"Harvard reconnait utiliser la race comme facteur"
Harvard souligne que ses admissions de personnes d'origine asiatique ont augmenté de 29% au cours de la dernière décennie. L'université fait aussi valoir que dans la promotion faisant son entrée cette année, 22,7% des admis sont d'origine asiatique, 15,5% noirs et 12,2% hispaniques. Le ministère de la Justice assure de son côté que Harvard manque de prouver qu'aucun préjugé racial entre dans son processus de sélection.
"Harvard reconnaît utiliser la race comme facteur pour décider si elle permet à certains jeunes adultes l'accès à son institution d'élite et aux bénéfices éducationnels conséquents qui vont avec", a dit le ministère dans son argumentaire jeudi. "Le processus d'admission basé sur la race de Harvard désavantage de manière significative les candidats d'origine asiatique par rapport aux candidats d'autres groupes raciaux", a-t-il ajouté.
Perversion ou garantie?
Dans une décision emblématique de 1978 réaffirmée en 2003, la Cour suprême des Etats-Unis avait validé une possibilité très encadrée d'utiliser l'origine ethnique parmi une foule d'autres facteurs pour entrer à l'université, tout en interdisant l'instauration de quotas raciaux automatiques.
La haute cour a réaffirmé par la suite la légitimité de ce mécanisme emblématique qui offre un coup de pouce aux étudiants issus de minorités ethniques. Reste que la discrimination positive est dénoncée par ses opposants comme une perversion de l'égalité des chances. Ses défenseurs affirment au contraire que c'est le seul moyen de garantir la diversité dans le monde éducatif et plus largement dans les différents secteurs de la société.
Deux juges conservateurs nommés à la Cour suprême par Donald Trump (l'un approuvé l'an dernier, l'autre attendant sa confirmation par le Sénat) pourraient inverser la position de la Cour suprême si elle était à nouveau sollicitée sur le sujet.