Fusillade de Newtown : Adam Lanza, jeune homme effacé et perturbé

Adam Lanza en 2005. Il avait alors 13 ans - -
C'était un enfant du pays. Enfant, Adam Lanza avait lui-même fréquenté l'école Sandy Hook où il a mis fin à ses jours après avoir abattu de sang-froid 26 personnes, dont 20 élèves âgés de 5 à 7 ans.
C'est dans une maison cossue de style colonial, dans un quartier boisé, un peu en retrait de la route et du centre-ville, que "le tueur de Newtown", comme il restera pour la postérité, avait grandi. En retrait, il l'était aussi dans la vie. Voisins, proches et anciens camarades de classe décrivent un garçon "introverti", "qui ne disait presque pas un mot". Beth Israel, qui vivait dans la même rue, décrit au Washington Post un garçon "timide et calme", "qui ne regardait jamais l'autre dans les yeux". Mais "pas menaçant".
Il a laissé très peu de traces
Adolescent, Adam Lanza avait poursuivi sa scolarité à la Newton High School, le lycée de la ville. Un ancien camarade de classe, toujours cité par le Washington Post, se souvient d'un garçon "asocial", "qui ne lâchait pas plus d'un ou deux mots lorsqu'on tentait de communiquer avec lui". Mais qui se révélait "brillant" en classe. "Il avait fait le lycée en trois ans" (contre quatre aux Etats-Unis).
Pourtant, on ne trouve aucune trace de lui dans le trombinoscope des diplômés de la Newton High School, relate le New York Times. Absent, comme partout. Contrairement à une majorité de jeunes de son âge, Adam Lanza n'avait pas de profil Facebook, ni de compte Twitter, contrairement à son frère Ryan, de quatre ans son aîné.
Atteint du syndrome d'Asperger ?
Interrogé juste après le drame, Ryan Lanza, qui à 24 ans vit dans l'Etat du New Jersey et exerce la profession de comptable, a indiqué à la police que son cadet souffrait de "troubles psychiatriques". Certains anciens camarades avancent "avoir entendu qu'il souffrait du syndrome d'Asperger".
Ce syndrome, apparenté à l'autisme, entraîne un trouble du comportement lié à un dysfonctionnement du cerveau dans la reconnaissance du comportement d'autrui. L'enfant "Asperger" ne parvient pas à déchiffrer les émotions chez les autres, par exemple, et n'arrive pas non plus à aquérir par instinct ou mimétisme les règles du jeu social, selon la revue Sciences Humaines.
Il vivait seul avec sa mère
Interrogé par le Washington Post, un voisin de la famille, Ryan Kraft, dépeint de son côté le comportement "turbulent" d'Adam Lanza. Selon le journal, celui-ci allait parfois aider Ryan Lanza à surveiller son frère lorsque leur mère sortait dîner avec des amis. "Il piquait beaucoup plus de colères que les enfants ordinaires."
Selon Ryan Kraft, qui a sensiblement le même âge que Ryan Lanza, "les deux frères avaient été très affectés par le divorce de leurs parents". Peter et Nancy Lanza s'étaient séparés en 2008. Peter, vice-président d'une société de conseil fiscal, était parti vivre dans une autre ville. Il s'était remarié en 2011. Nancy vivait seule avec Adam dans la grande maison depuis que Ryan était parti s'installer dans le New Jersey.
C'est là qu'il a abattu sa mère, avant de se rendre à l'école armé de quatre armes : un fusil d'assaut semi-automatique, deux armes de poing et un fusil de chasse.
Une mère protectrice et fière
Nancy Lanza était amatrice d'armes à feu et amenait fréquemment ses fils au stand de tir. Mais pour Russ Hanoman, un ami de la famille interrogé par RTL, cet élément d'explication dans l'acte de son fils est à relativiser. "Elle aimait le tir, mais elle n'était pas violente. C'était un loisir, c'est fréquent aux Etats-Unis..."
Pourtant, Adam Lanza a tué avec un vrai instinct de tireur. Il n'a fait qu'un blessé alors qu'il a dirigé un feu nourri vers ses victimes. Pour accomplir son forfait, il s'était muni de chargeurs avec des centaines de balles.
Nancy est aussi décrite par ses voisins comme une mère très protectrice et "fière de ses fils". A ses proches, elle n'avait jamais évoqué qu'Adam était "suicidaire ou violent".
"Adam était très moral, il était végétalien. Il ne pouvait pas concevoir de tuer un animal pour le manger. Du coup, je me demande d'où a pu lui venir totue cette violence ?", s'interroge Russ Hanoman.
Le Washington Post évoque l'idée d'un départ de Nancy Lanza avec son fils vers l'Etat de Washington, à l'autre bout du pays. Impossible désormais de savoir quel a été le facteur déclenchant de la folie meurtrière d'Adam Lanza.