Etats-Unis: la Californie confrontée à une sécheresse historique

Un paysage désertique dans le Comté de Kern, en Californie, le 29 mars. - Frederic J. Brown - AFP
Face à une sécheresse historique, la Californie prend des mesures d'urgence. L'Etat de Californie a ainsi annoncé mercredi des mesures visant réduire de 25% la consommation d'eau, qui vont forcer les citoyens ordinaires mais aussi les agriculteurs et institutions à limiter le gaspillage.
Absence de neige
Parmi les principales raisons de cet épisode de sécheresse, le manque de neige. Le département californien des ressources en eau a ainsi indiqué qu'il n'avait pas trouvé de neige au 1er avril à 2.000 mètres dans les montagnes de la Sierra Nevada, une première en 75 ans.
"En raison de la plus faible accumulation de neige jamais enregistrée et alors que la fin de la sécheresse", la pire jamais observée selon les scientifiques, "n'est pas en vue, le gouverneur Jerry Brown a annoncé mercredi des mesures d'économie d'eau pour limiter le gaspillage (...) et investir dans de nouvelles technologies pour mieux préparer la Californie à faire face à la sécheresse", explique un communiqué publié mercredi. "Cette sécheresse historique demande des mesures sans précédent", a-t-il insisté.
Remplacement des pelouses par des cactus
La sécheresse catastrophique qui touche l'ouest des Etats-Unis met à rude épreuve les nappes d'eau souterraines et menace l'approvisionnement en eau dans cette région où vivent 40 millions de personnes. Parmi les mesures annoncées mercredi, la Californie va demander le remplacement de 4,6 millions de mètres carrés de pelouse par des plantes peu consommatrices d'eau comme les cactus, les agaves ou les plantes succulentes.
La Cité des Anges avait déjà instauré des mesures d'incitation, comme le programme "pelouse contre dollars", mais sur la base du volontariat.
Jerry Brown a par ailleurs ordonné la création d'un programme de rabais pour remplacer les vieilles installations d'eau et d'électricité par des modèles et technologies plus économes, notamment les goutte à goutte qui libèrent l'eau directement à la racine des plantes.
"Police de l'eau"
Les "normes des toilettes et robinets" vont être revues pour limiter le débit d'eau, et les récalcitrants qui continuent à arroser leur pelouse tous les jours, et à en déverser la moitié dans le caniveau au mépris de limitations déjà mises en place pourraient se voir sanctionnés.
Une "police de l'eau" visant plus la sensibilisation que les sanctions était déjà en place, mais elle pourrait devenir plus sévère. Les pelouses grillées devraient se multiplier notamment à travers les campus, golfs, cimetières et autres lieux publics californiens, désormais contraints de réduire de façon drastique leurs arrosages.
Jerry Brown demande par ailleurs aux agences de distribution d'eau de modifier leurs structures de tarifs pour "décourager le gaspillage". Les experts estiment ainsi qu'une tarification qui décourage l'arrosage aux heures les plus ensoleillées, quand l'eau s'évapore au lieu de pénétrer la terre, ou qui pénalise la consommation "extérieure" (pelouses, piscines...) par rapport à la consommation "intérieure" (cuisine, douches, bains, lessives) peut s'avérer efficace pour réduire la consommation.
L'agriculture dans le viseur
Les agriculteurs dans cet Etat qualifié de "panier de fruits et légumes" de l'Amérique, souvent accusés d'arroser et de pomper dans les nappes phréatiques de manière inconséquente, vont aussi devoir se restreindre. Un sujet tendu, au vu des milliards de dollars de revenus agricoles et des milliers d'emplois en jeu dans cet industrie.
Les agriculteurs, "qui ont déjà payé le plus lourd tribu à la sécheresse jusqu'à présent, avec des milliers d'hectares en jachère, des quantités d'eau disponibles déjà largement réduites et des milliers d'employés déjà licenciés, vont devoir déclarer plus régulièrement les quantités d'eau qu'ils utilisent, afin de lutter contre les" abus et "utilisations illégales ou déraisonnables".
Pour Tim Krantz, professeur de sciences de l'environnement à l'Université de Redlands, "l'agriculture est largement le plus gros consommateur d'eau, et certaines variétés ne devraient plus être cultivées comme le riz, d'autres réduites, comme la luzerne". A l'inverse, des variétés peu gourmandes en eau comme le jatropha, avec lequel on peut produire des biocarburants, devraient être développées, estime-t-il.