Mexique : jour de vérité pour Florence Cassez

Florence Cassez - -
La Cour suprême du Mexique doit se prononcer mercredi sur une proposition d'annulation de la condamnation de la Française Florence Cassez à 60 ans de prison pour enlèvements, assortie d'un renvoi devant une cour d'appel.
La juge Olga Sanchez Cordero, rapporteur du cas, devrait motiver cette proposition par les irrégularités constatées dans la procédure, dès l'arrestation de la Française par la police fédérale en décembre 2005.
Florence Cassez avait déposé un recours en révision devant la Cour suprême du Mexique peu après le rejet de son pourvoi en cassation le 10 février 2011, son troisième et ultime échec devant la justice ordinaire.
Deux juges sur trois
La plus haute instance judiciaire du Mexique avait accepté de se saisir du cas et les cinq juges de la première chambre s'étaient réunis une première fois le 21 mars 2012 sans parvenir à une décision, même si quatre d'entre eux avaient reconnu les irrégularités dénoncées par la défense.
Trois juges avaient accepté de lui accorder un "amparo", la "protection" de la justice mexicaine, c'est-à-dire l'annulation de sa condamnation.
Mais seuls deux d'entre eux, Arturo Zaldivar, premier rapporteur du cas, et Olga Sanchez, s'étaient prononcés pour la libération immédiate de la Française. Un troisième juge, Jose Ramon Cossio, avait préconisé l'annulation de la condamnation avec renvoi devant le tribunal d'appel qui avait prononcé la condamnation.
Cette absence de majorité annulait le rapport Zaldivar et la juge Olga Sanchez était chargée de rédiger un nouveau rapport.
L'annulation de la condamnation préconisée
Son rapport a été remis à ses collègues le 9 janvier dans la perspective de la nouvelle réunion de la première chambre le 23 janvier. Son contenu n'a pas été rendu public mais ses principales conclusions ont été révélées par la presse mexicaine.
Selon la juge, le montage des autorités le 9 décembre 2005 d'une prétendue arrestation en direct de la Française et la libération de trois otages devant les caméras de télévision dans un ranch, alors qu'elle avait été arrêtée sur une route et plusieurs heures auparavant, est constitutif de la violation de plusieurs droits constitutionnels : la présomption d'innocence, la présentation immédiate devant le Ministère public, et la protection consulaire.
La juge propose l'annulation de la plupart des preuves illicites, en particulier les témoignages contre Florence de deux de ses trois victimes supposées, Cristina Rios Valladares et de son fils Christian Hilario Ramirez Rios, qui n'avaient jamais mentionné Florence Cassez dans leurs premières déclarations et ont dit reconnaître la Française pour la première fois plus de deux mois plus tard.
Elle préconise l'annulation de la condamnation de la Française et le renvoi devant la Cour d'appel qui devra rédiger un nouveau jugement en prenant obligatoirement en compte toutes les conclusions de la Cour Suprême.