Algérie: marée humaine dans les rues d'Alger pour ce 11ème vendredi de contestation

Journée de manifestations anti-pouvoir à Alger, le 3 mai 2019 - Bouzid Massimo Ichalelene
Les Algériens étaient à nouveau dans les rues, ce vendredi, le dernier avant le mois de ramadan, pour protester contre le régime central. Dès 14h, ils étaient des centaines de milliers à protester dans les rues de la capitale. Dans les autres grandes villes du pays, à Bejaïa, Annaba, Constantine ou encore Mostaganem, ils étaient également très nombreux à protester.
Alors que le régime compte sur l'essoufflement du mouvement durant le ramadan, le peuple est quant à lui bien décidé à prouver le contraire.
Un mois sans Bouteflika
Le 2 avril dernier, Abdelaziz Bouteflika démissionnait. Or, un mois après, aucune autre revendication du peuple n'a été satisfaite. Seule voix audible face aux manifestants, celle du chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah, devenu de facto l'homme fort du pays depuis qu'il a lâché Abdelaziz Bouteflika, dont il était un indéfectible soutien.
Et alors que les manifestants veulent voir l'ensemble du "système" au pouvoir partir et refusent l'appareil hérité du président déchu ; l'homme fort du régime, lui, n'entend pas "s'écarter de la voie constitutionnelle". Cette semaine, il appelait au "dialogue avec les institutions de l'Etat", après avoir opposé mardi une fin de non-recevoir aux revendications des manifestants.
Il s'est dit "entièrement convaincu qu'entamer un dialogue constructif avec les institutions de l'Etat est l'unique moyen pour sortir de la crise".
Quant aux élections présidentielles qui se tiendront le 4 juillet prochain, tel que le prévoit la constitution, aucune raison de les décaler. Ahmed Gaïd Salah s'est même dit convaincu qu'elles étaient la "solution idéale" pour sortir de la crise.
Un net refus de la population
Face à ce discours immuable, les manifestants refusent toujours que l'appareil hérité du président déchu, suspecté d'avoir truqué les scrutins depuis deux décennies, gère la transition et organise la présidentielle devant élire son successeur.
"On marchera jusqu'à ce que toute la bande des hommes à Boutef partent", a affirmé à l'AFP Hamid Benmouhoub, commerçant de 55 ans, venu de Jijel, à 350 km d'Alger.
"Nous refusons ce système. Il faut qu'il parte. Ce gouvernement ne peut pas assurer la transition", martèle Amine, 22 ans, étudiant à Tizi Ouzou, à 100 km de route.
Pendant le ramadan, les Algériens eux n'ont aucune intention de laisser la fatigue, la faim et la soif les dominer. La plupart des manifestants proposent donc de déplacer pendant le ramadan les marches le soir, après le "ftor", la rupture du jeûne.