Traversée de la Manche: déjà 60 migrants morts depuis le début de l'année

Un drame qui ne cesse de se répéter. Depuis le mois de janvier, 60 migrants sont morts dans la Manche en tentant de rejoindre la Grande-Bretagne, faisant de 2024 l'année la plus meurtrière depuis le début du phénomène des traversées sur de frêles embarcations en 2018.
"Le chiffre qui nous saute aux yeux depuis quelques mois, c'est une personne qui décède tous les cinq jours", a réagi auprès de l'AFP l'un des coordinateurs d'Utopia 56 sur le littoral, Célestin Pichaud.
"La situation est plus que dramatique. Les secours en mer et sur terre sont dépassés par les événements". Il dénonce la "volonté désastreuse de continuer dans la voie de la répression".
Quatre morts mercredi
Le bilan macabre s'est encore alourdi mercredi 30 octobre, avec le décès de quatre personnes. Un homme adulte a été retrouvé dans la matinée en arrêt cardio-respiratoire dans la mer au large d'Hardelot. Son canot avait chaviré, jetant à l'eau plusieurs dizaines de migrants. Dans le courant de l'après-midi, trois autres corps d'hommes ont été découverts sur les plages de Merlimont, Neufchâtel-Hardelot et Saint-Étienne-au-Mont.
Les semaines précédentes ont également été marquées par des naufrages mortels. Dimanche 27 octobre, un migrant est mort après une tentative de départ depuis la plage de Tardinghen. Mi-octobre, un nourrisson avait lui perdu la vie au large de Wissant. Et à la fin de l'été, le 15 septembre dernier, huit migrants dont un bébé de 10 mois, étaient morts dans un naufrage au niveau d'Ambleteuse.
"C'est l'année la plus meurtrière sur nos côtes. Je ne peux me faire à ce décompte macabre", a réagi pour sa part l'eurodéputée écologiste Mélissa Camara, invitée de BFM Grand Littoral ce jeudi 31 octobre.
"Des choix horribles"
Elle est venue rencontrer les associations d'aide aux migrants à Grande-Synthe et Calais. "Les associations sont à bout parce que tout le monde côtoie la mort à Calais, les bénévoles, les familles, les personnes exilées et c'est insupportable", affirme l'élue.
"Ils sont à bout parce qu'ils n'ont plus de moyens. Ils doivent faire des choix horribles de savoir s'ils donnent une couverture à une femme enceinte ou à une femme avec un enfant", a-t-elle poursuivi.
Pour la députée européenne, la politique répressive du gouvernement est un échec et aggrave la situation. "[Les bénévoles] pallient aux manquements de l'État où en fait, la politique depuis 2016 est la traque des familles. Il n'y a plus de point fixe depuis le démantèlement de la grande jungle. Ils doivent redemander des couvertures et des tentes tous les jours parce qu'on leur a pris leur matériel. Ce sont des situations kafkaïennes".