Traversée de la Manche: ce que l'on sait de la mort de huit migrants lors d'un naufrage près d'Ambleteuse

Huit migrants sont morts dans la nuit de ce samedi 14 à ce dimanche 15 septembre, lors d'une nouvelle tentative de traversée de la Manche. Six autres personnes, dont un nourrisson de 10 mois en hypothermie, sont en urgence relative.
Le préfet du Pas-de-Calais, Jacques Billant, pointe du doigt "un bilan terrible" et annonce qu'une enquête a été ouverte par le parquet de Boulogne-sur-Mer.
• 59 migrants à bord de l'embarcation
L'embarcation des migrants a été signalée, peu avant minuit, dans le secteur d'Ambleteuse (Pas-de-Calais). À son bord, figurent 59 personnes, dont un nourrisson de dix mois, selon le préfet du Pas-de-Calais. Les autorités partent alors sur place pour effectuer une surveillance de l'embarcation.
"Arrivé sur zone, le navire Minck constate que l'embarcation se dirige vers la plage d'Ambleteuse (62) et ne peut proposer une quelconque assistance depuis la mer, avant que l'embarcation n'atteigne la plage", précise la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord.
Cette même source précise que les autorités ont été informées "par l'un des passagers de l'embarcation de la présence de personnes en situation d'urgence, inanimés, sur la plage".
• L'embarcation "s'est déchirée sur les rochers"
L'embarcation s'est rapidement trouvée en difficulté et "est venue s'échouer au niveau de l'Estran. Le bateau s'est manifestement déchiré sur les rochers", détaille Jacques Billant, lors d'un point presse ce dimanche 15 septembre.
Le préfet précise que "seule une personne sur six était équipée d'un gilet de sauvetage".
"Par appât du gain, les passeurs font courir de plus en plus de risques aux personnes à qui ils vendent des traversées sur une mer dangereuse sur des embarcations totalement inadaptées. C'est littéralement les mener à mort", a fustigé le représentant de l'État.
Les services de secours ont pris en charge les migrants secourus en mer.
• "Des hommes apparemment majeurs"
Huit migrants sont morts et six autres, dont un nourrisson de 10 mois en hypothermie, sont en urgence relative. Ces derniers ont été conduits aux hôpitaux de Boulogne-sur-Mer et Calais.
Concernant le profil des victimes, "il s'agit d'hommes apparemment majeurs", indique le préfet du Pas-de-Calais.
Les autres victimes seraient "originaires d'Erythrée, du Soudan, de Syrie, d'Afghanistan, d'Egypte et d'Iran", ajoute Jacques Billant.
Aucune autre victime n'a été découverte lors des recherches en mer. Les autres naufragés ont été orientés vers un centre ouvert par le maire d'Ambleteuse.
• Une enquête ouverte
Une enquête a été ouverte par le parquet de Boulogne-sur-Mer. Elle a été confiée à l'office de lutte contre le trafic illicite de migrants et à la gendarmerie maritime.
20 gendarmes, une cinquantaine de sapeurs-pompiers, une vingtaine d'engins et un drone ont été engagés sur cette intervention alors que le lieu était très difficile d'accès". Le Samu a mobilisé quatre équipes et un hélicoptère.
• Deux autres opérations de sauvetage
Ce dimanche, le Cross Gris-Nez a également été mobilisé sur deux opérations de sauvetage au large du Nord et du Pas-de-Calais.
Le remorqueur d'intervention d'assistance et de sauvetage (RIAS) Abeille Normandie est d'abord intervenu au large du Portel afin de récupérer 66 personnes en mer.
C'est ensuite le navre affrété Ridens qui s'est engagé au large de Dunkerque sur une embarcation en difficulté. Au total, 17 personnes ont été secourues mais 38 autres passagers ont refusé l'assistance et ont continué leur route. Ils ont finalement été secourus en mer par les moyens britanniques.
Au total ce dimanche, 83 naufragés ont ainsi été secourus.
• 46 migrants morts depuis le début de l'année
Ce drame intervient douze jours après celui de Wimereux. Douze personnes sont mortes le 3 septembre, après une tentative de traversée de la Manche, au large du cap Gris-Nez.
"Ce sont, au total, 46 migrants qui sont décédés depuis le début de l'année, en tentant de rejoindre la Grande-Bretagne, à bord d'un small boat", déplore Jacques Billant, le préfet du Pas-de-Calais.
Il s'agit déjà de l'année la plus meurtrière depuis le début du phénomène des tentatives de traversée.
Ce dernier constate que "malgré ces terribles événements, les migrants sont toujours très nombreux à prendre la mer dès que les fenêtres météo deviennent favorables. La pression est donc très importante dans le Nord, le Pas-de-Calais et la Somme".
• 238 passeurs interpellés en flagrance
"Cette année de 2024 est très difficile", reconnaît Jacques Billant. "Les conditions d'intervention sont rendues très complexes, avec des passeurs et des migrants qui sont très agressifs. Ces derniers jours et encore cette nuit, des véhicules de la police et la gendarmerie ont été pris pour cible et des policiers et des gendarmes ont été blessés", assure-t-il.
Concernant les passeurs, le nombre d'interpellation a augmenté de 15%, par rapport à l'année 2023.
"238 passeurs ont été interpellés en flagrance, depuis le début de l'année, dont 10 entre le 12 et le 15 septembre", précise le préfet du Pas-de-Calais.
Sur la journée de ce samedi 14 septembre, huit tentatives de traversées ont été empêchées par les forces de sécurité et plus de 200 migrants ont été secourus en mer.