"Je me reconnais humain avant d'être Français": à Calais, 17e jour de grève de la faim pour un prêtre en soutien aux migrants

"Il faut que cela cesse". À Calais, le prêtre jésuite Philippe Demeestère est en grève de la faim depuis le 11 octobre pour demander l'arrêt des démantèlements des camps de migrants en période hivernale.
Selon lui, "ils ont à faire à une mécanique policière qui ne s'interrompt jamais et également à un discours qui répète toujours les mêmes poncifs et qui révèle sa stérilité depuis au moins une trentaine d'années", a-t-il déclaré ce mercredi au micro de BFMTV.
Tension migratoire accrue dans le Pas-de-Calais
Ces dernières semaines, la tension migratoire s'est accrue dans le Pas-de-Calais, avec des records de nombre de tentatives de traversées de la Manche vers le Royaume-Uni. Sans compter que le Royaume-Uni accuse la France de mal surveiller sa frontière. Enfin, certains maires du littoral se sentent abandonnés par l'exécutif, à l'image de Martial Beyaert, le maire de Grande-Synthe, qui réclame davantage de solutions d'hébergements d'urgence avec l'arrivée de l'hiver.
Le directeur général de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii), Didier Leschi, est d'ailleurs attendu ce mercredi à Calais pour une mission de médiation dans la région.
"Les personnes exilées ne sont pas simplement une enveloppe vide"
De son côté, Philippe Demeestère déplore le traitement des migrants par les autorités: "Les personnes exilées ne sont pas simplement une enveloppe vide, un mot que l'on jette en pâture à l'opinion publique, mais qui sont bien des humains, et moi je me reconnais humain avant d'être Français", a déclaré celui qui accompagne deux militants, Anaïs Vogel et Ludovic Holbein, dans leur grève de la faim entamée après la mort de Yasser, un jeune migrant soudanais le 10 octobre.
"Le problème des exilés en France, c'est qu'ils font d'abord l'objet d'un traitement administratif et règlementaire et il n'y a pas cette part d'humanité qui peut passer par le partage d'un quotidien avec eux, par une intégration à tout ce qui est la vie associative du pays", déclare-t-il.
Les mots de Philippe Demeestère à Calais résonnent actuellement avec la situation à Briançon (Hautes-Alpes), de l'autre côté du pays, à une dizaine de kilomètres de la frontière italienne, où le lieu d'accueil bénévole d'urgence, Les Terrasses Solidaires, a dû fermer ses portes face à l'afflux de migrants ces derniers jours.