Une chute brutale des températures: c'est quoi "l'upwelling", cet effet qui a soudainement rafraîchi la Méditerranée?

A La Ciotat, la température de la mer est tombée à 13.5 degrés dimanche. - RMC
Un changement de température brutal ressenti par les baigneurs. La mer Méditerranée entre la Camargue et les Calanques a perdu en moyenne cinq degrés en quelques heures ce lundi 28 juillet. Il y a un mois, les températures de surface étaient supérieures de cinq degrés par rapport à la normale et l'on parlait alors de canicule.
Au cours de cette journée, 19°C ont ainsi été relevés à Port-Saint-Louis-du-Rhône, 20°C à Marseille dans les Bouches-du-Rhône ou à Agde (Hérault) et Gruissan (Aude) sur le site spécialisé ÇaBaigne.
Certaines côtes ont été épargnées par une telle baisse puisque l'on a pu profiter d'une eau à 24°C entre Palavas-les-Flots et Les Saintes-Maries-de-la-Mer. À l'inverse, sur la Côte d'Azur, le mercure a grimpé de trois degrés. Ces disparités s'expliquent par un phénomène appelé l'upwelling aussi appelé "remontée d'eau profonde".
Des eaux à 15°C
"Cela se produit lorsque vous avez un vent du nord, qui, en soufflant, va pousser les eaux de surface chauffées par le soleil vers le large. Cette eau qui a été chassée est alors remplacée par l'eau qui se situe en profondeur et qui est à 15°C", explique à BFMTV.com Claude Estournel, océanographe au Legos, le Laboratoire d'études en géophysique et océanographie spatiales.
La chercheuse explique que l'intensité du phénomène s'explique par la durée de l'épisode venteux. "Si le vent ne souffle que quelques heures, ça n'est pas toujours suffisant pour que l'eau profonde remonte assez et que les effets du refroidissement se fassent ressentir. Il faut que ces vents durent entre 12 et 24 heures". Certaines côtes sont particulièrement exposées de par leur orientation à ces vents. "C'est justement le cas de Sète, d'Agde, en Camargue à Marseille, dans les Calanques jusqu'au Var".
L'upwelling a lieu également l'hiver mais n'est pas perceptible puisque la différence de température entre les eaux de surface et celles des profondeurs est moins importante.
Un effet bénéfique pour le milieu marin
Si ces températures fraîches ne ravissent pas les plaisanciers, elles profitent en revanche au milieu marin. "Dans ces eaux profondes qui remontent à la surface se trouvent des nutriments tels que de l'azote, des nitrates issus de la décomposition d'organismes vivants. Une fois à la surface et exposés au soleil, ces nutriments font photosynthèse et produisent du plancton dont découle toute une chaîne alimentaire", ajoute Claude Estournel.
La chercheuse indique que la recherche scientifique n'a pas encore fait la lumière sur les effets éventuels du dérèglement climatique sur l'upwelling.