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Écoles, transports... À quoi faut-il s'attendre avec la grève du jeudi 19 janvier?

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À l'occasion de la première journée de grande mobilisation contre la réforme des retraites du gouvernement, BFM Business fait le point sur les prévisions d'impact du mouvement pour les différents secteurs.

Une semaine après l'annonce des organisations syndicales d'une première mobilisation contre la réforme des retraites le jeudi 19 janvier, la mobilisation s'annonce massive. La RATP et la SNCF ont notamment détaillé leurs prévisions de trafic qui étaient particulièrement attendues, étant donné que les transports sont traditionnellement un secteur avec un taux élevé de mobilisation.

Alors que les organisations syndicales évoquent un million et demi de personnes dans les rues, les autorités anticipent quant à elles plus de 800.000 manifestants. Le gouvernement appelle d'ores et déjà les Français qui le peuvent à décaler leurs déplacements ou à télétravailler.

• Dans les écoles, collèges et lycées

Le mouvement s'annonce très suivi dans les écoles, avec 70% d'enseignants grévistes au niveau national dans le premier degré, selon le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire. À Paris, la mairie estime que 172 écoles primaires seront fermées sur 638, soit plus d'un quart, et 179 crèches sur 415.

La mobilisation serait ainsi de même ampleur qu'en décembre 2019: lors de la première journée de grève contre la précédente tentative de réforme, les syndicats avaient dénombré 70% de grévistes, tandis que le ministère en avait recensé 55%.

"Ce n'est pas une surprise car on sent que la question de la retraite est une préoccupation majeure pour les enseignants, qui fait partie des questions en salle des maîtres", explique la secrétaire générale du Snuipp-FSU Guislaine David.

Dans les collèges et lycées, "on s'oriente aussi vers une grève très suivie", selon les premiers éléments recueillis par le Snes-FSU, premier syndicat du secondaire. Selon Sophie Vénétitay,  secrétaire générale du syndicat, il y aura plus de 50 % de grévistes parmi les enseignants du second degré dans les collèges et les lycées demain. 

• Dans les transports en commun

À Paris, le trafic sera "très perturbé" dans le métro parisien, avec trois lignes fermées, dix autres ouvertes "uniquement aux heures de pointe" et un "risque de saturation" sur les trois dernières, selon la RATP. Sur les RER A et B - les deux lignes les plus fréquentées d'Europe - la circulation sera limitée à un train sur deux au maximum aux heures de pointe, tandis que les perturbations seront plus limitées dans les autobus (2 sur 3) et les tramways (3 sur 4). >> Le détail des prévisions du trafic parisien

À Lyon, des difficultés sont à prévoir dans les transports lyonnais ce jeudi. Les TCL ont annoncé ce mardi les perturbations dans les transports en commun, en raison du mouvement de grève national qui doit toucher de nombreux secteurs partout en France. >> Le détail des prévisions du trafic lyonnais

À Lille, plusieurs lignes de bus ne seront pas en circulation tandis que la fréquence des tramways sera allongée. >> Le détail des prévisions du trafic lillois

À Marseille, il sera difficile de circuler en transports en commun. >> Le détail des prévisions du trafic marseillais

En Alsace, aucun train ne circulera sur l'ensemble des lignes TER.

À la SNCF, la circulation des trains sera "très perturbée", en particulier dans les trains régionaux - TER et Transilien. La compagnie ferroviaire prévoit 1 TGV sur 3 sur l'axe Nord, 1 sur 4 sur l'Est, 1 sur 5 sur l'Atlantique, 1 sur 3 sur le Sud-Est et 1 sur 3 pour Ouigo. Mais aussi 1 TER sur 10 en moyenne, et en Ile-de-France 1 train sur 3 sur les lignes A, B, H et U, et 1 train sur 10 sur les lignes C et D (en partie fermées), J, K, L, N et P.

• Dans les aéroports

La grève sera également suivie chez les contrôleurs aériens, en particulier à l'aéroport d'Orly où la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies d'annuler préventivement 20% de leus vols, tout en prévenant que cela n'empêcherait pas "des perturbations et des retards". Les vols vers l'Outre-mer, nombreux au départ d'Orly, ne sont pas concernés par les annulations, au nom de la continuité territoriale.

Selon le gestionnaire d'Orly, le Groupe ADP, la plateforme aéroportuaire accueillait le mois dernier quelque 530 vols en moyenne par jour au départ ou à l'arrivée. Un peu plus de 100 vols seraient donc annulés jeudi.

Air France prévoit d'assurer jeudi "la totalité de ses vols long-courriers", et "près de 90% de ses vols court et moyen-courriers", a-t-elle précisé mardi soir, bien que "des retards et des annulations de dernière minute ne sont pas à exclure".

Pour la journée de jeudi, "la DGAC appliquera les dispositions du service minimum dans les centres en route de la navigation aérienne (CRNA) et dans les service de navigation aérienne des aéroports où les dispositions réglementaires le permettent", a précisé l'administration.

"La DGAC invite les passagers qui le peuvent à reporter leur voyage et à s'informer auprès de leur compagnie aérienne pour connaître l'état de leur vol", selon son communiqué.

Les clients d'Air France concernés par des annulations de vols seront "notifiés individuellement par SMS, e-mail ou via l'application" de la compagnie. "Des mesures commerciales (...) permettent une anticipation ou un report sans frais et, pour les clients dont le vol est annulé, un avoir ou un remboursement intégral dans le cas où ils ne voyageraient plus".

• Dans le secteur de l'énergie

Soutenue par l'ensemble des syndicats du secteur, la grève se traduira par des baisses de production des centrales électriques qui ne devraient pas entraîner de coupures de courant. "C'est quelque chose qui est parfaitement encadré", assure Pascal Jacquelin, numéro deux de la CFE-Energie.

En revanche la menace agitée par la CGT, de "coupures ciblées" visant notamment des élus soutenant la réforme, ne fait pas l'unanimité car "cela peut représenter des risques", ajoute-t-il. Même chose pour la suite du mouvement qui "ne fait pas l'objet d'un consensus à ce jour", la CGT poussant pour une reconduction dès vendredi alors que les syndicats ont prévu de se revoir lundi.

"On va aller les voir dans leurs permanences, on va aller discuter avec eux, et puis si d'aventure ils ne comprennent pas le monde du travail, on les ciblera dans les coupures qu'on saura organiser", a déclaré lundi le secrétaire général de la CGT énergie Sébastien Ménesplier, suscitant l'indignation d'élus de droite.

Dans les raffineries et les dépôts de carburants, la CGT a déjà arrêté son calendrier: après celui de jeudi, elle prévoit d'autres arrêts de travail de 48 heures les 26 et 27 janvier, puis 72 heures du 6 au 8 février. L'impact ne sera pas immédiat dans les stations-services car "les stocks peuvent largement absorber" une première grève de 24 heures, mais "certaines stations d'autoroute pourraient fermer", indique Eric Sellini, reponsable CGT chez TotalEnergies.

• Et ailleurs...

Dans les finances publiques, s'il est difficile de prévoir à l'avance des fermetures de trésoreries, la réforme des retraites "occupe tous les esprits", selon Anne Guyot-Welke, secrétaire générale de Solidaires Finances publiques.

TT avec AFP