Quel sera l'impact sur l'économie française des programmes de Marine Le Pen et Emmanuel Macron?

Match retour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, cinq ans après 2017. A la sortie de la crise Covid et alors que l'Europe est ébranlée par la guerre en Ukraine, l'un et l'autre tracent une trajectoire économique assez différente dans leurs programmes respectifs. Quels seront leurs impacts sur l'économie française?
Un modèle économétrique élaboré par des universitaires français, Macsim II, c'est-à-dire une sorte de maquette de l'économie française qui compte plusieurs centaines d'équation et qui reproduit son comportement face à diverses politiques économiques, permet de se faire une idée des conséquences potentielles des mesures proposées par les deux candidats.
Pas d'écart de performance spectaculaire entre les deux candidats
Première conclusion assez étonnante, sur les deux ou trois premières années du quinquennat, il n'y a pas d'écart de performance spectaculaire entre les programmes d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen.
Tout d'abord parce qu'il y a des mesures en commun dans les deux programmes: baisse des impôts de production, des droits de succession, suppression de la redevance audiovisuelle… Par ailleurs, les sommes déplacées dans chaque programme ne sont pas colossales, peu de mesures se chiffrent en dizaines de milliards d'euros.

Si on regarde à mi-mandat, Marine Le Pen fait légèrement mieux en termes de croissance qu'Emmanuel Macron parce qu'elle a une politique de la demande plus stimulante, notamment à travers sa baisse de la TVA de 12 milliards d'euros sur les produits pétroliers.
Léger avantage à Emmanuel Macron sur l'emploi avec un taux de chômage inférieur de 0,1 point. Léger avantage aussi sur l'inflation et le déficit commercial pour le président sortant.

La seule vraie différence, ce sont les comptes publics, où Marine Le Pen paie un peu le prix de sa politique de la demande.

À moyen et long-terme, en termes d'impact sur le PIB, la courbe est similaire entre les deux candidats puis baisse drastiquement pour Marine Le Pen après la mi-mandat. La candidate du Rassemblement national perd son avance, notamment parce que sa politique pèse sur la compétitivité du pays. Il y a des mesures pour les PME et les TPE dans son programme, mais il n'y a rien pour les ETI et les grandes entreprises avec des mesures destinées à doper massivement notre compétitivité industrielle. Cela se ressent sur la croissance mais aussi le commerce extérieur.
Inflation et commerce extérieur
La politique économique de Marine Le Pen est également plus inflationniste dans la durée que celle d'Emmanuel Macron. Mais, surtout, l'écart se creuse sur les comptes publics: cet écart est même assez spectaculaire puisqu'en termes de finances publiques, Emmanuel Macron promet, grosso modo, 20 milliards d'euros de moins, tandis que Marine Le Pen les augmente de 20 milliards d'euros.


Autre résultat intéressant: Marine Le Pen et Emmanuel Macron arrivent au même résultat sur le chômage à la fin du quinquennat – mais pas du tout avec le même marché du travail. Il y aurait plus du monde qui travaille sur le marché du travail qu'aurait façonné Emmanuel Macron. La réforme des retraites promise par le président sortant augmenterait la taille de la population active puisque l'on travaillerait plus longtemps, les actifs seraient donc plus nombreux sur le marché du travail, et il y aurait forcément un peu plus de chômeurs.
Mais il reste encore des inconnues. Il y en a peu autour du programme d'Emmanuel Macron puisqu'il se place dans la continuité de son premier quinquennat. Il y en a beaucoup plus autour du programme de Marine Le Pen, sur la place de la France dans l'Europe, sur la réaction des marchés financiers, des investisseurs à son élection, et surtout concernant les promesses sur les dépenses publiques.