Asperger des manifestants de gaz lacrymogène: "le seul moyen de l’usage proportionné de la force" pour les syndicats policiers

Les CRS ont fait usage de gaz lacrymogène pour faire évacuer des militants du Pont de Sully à Paris. - BFMTV
Des images décriées, un ministre de l'Intérieur qui demande des comptes au préfet de police de Paris, l'opération d'évacuation des membres du collectif Extinction Rébellion qui s'étaient rassemblés sur le pont de Sully, en plein coeur de la capitale, ne cesse de créer des remous dans la société et dans la classe politique. L'inspection technique CRS doit répondre à une principale question: l'usage de la force était-il proportionné?
> Qui donne les ordres?
Une opération de maintien de l'ordre se fait sous l'autorité du préfet de police à Paris. "C'est l'autorité civile qui donne les ordres, sur le terrain, le préfet est représenté par un commissaire de police", explique Grégory Joron, secrétaire national CRS du syndicat Unité SGP, qui compare les CRS comme les "maîtres-d'oeuvre" appliquant les ordres et en choisissant les moyens à leur disposition pour atteindre l'objectif qu'on leur fixe.
"On a une pratique de maintien de l’ordre qui est définie dans une doctrine, estime Denis Jacob, secrétaire général d'Alternative Police. Oui, on peut l’adapter. Oui, on peut considérer que la doctrine actuelle n’est peut-être plus conforme aux types de manifestation auxquelles on est confronté."
> A quel moment décide-t-on d'évacuer?
La manifestation de vendredi n'avait pas été déclarée dans cette forme par le collectif écologique Extinction Rébellion, les manifestants n'avaient pas respecté le parcours défini.
"Ils ont pris tout le monde de court, c'est le but recherché par cette association, note Grégory Joron. Ils sont parvenus à leur objectif, on parle de ça encore deux jours après."
Vendredi, les militants de ce mouvement né au Royaume-Uni ont fait un sitting au milieu du pont de Sully dans le Ve arrondissement de Paris, bloquant ainsi la circulation des véhicules.
"Ils sont pacifiques, assis, sauf qu’on arrive plus à les déloger, on arrive à les soulever et ils vont se rasseoir quelques mètres plus loin et ils recommencent à bloquer la chaussée", insiste Denis Jacob, secrétaire général d'Alternative Police.
> Pourquoi utiliser du gaz lacrymogène?
Les images de l'évacuation des militants montrent que les CRS ont bien procédé à deux sommations avant d'utiliser du gaz lacrymogène sur les manifestants assis à même le sol, enchaînés entre eux, qui n'avaient pas l'autorisation d'être là et à qui on avait retiré leurs moyens de protection.
"On est dans une procédure classique, estime Denis Jacob, qui exprime son "ras-le-bol" face à la "stigmatisation" des actions des policiers.
Pour les policiers, deux options s'offraient à eux: faire usage de gaz lacrymogène ou procéder à une évacuation manu militari. "L'image n'aurait pas été plus supportable de voir des manifestants traînés au sol", soulève Grégory Joron qui rappelle les conséquences parfois douloureuse d'une clé de bras ou d'un moyen de compression pour déloger des manifestants. A cela s'ajoute une contrainte de temps.
Le gaz lacrymogène, "c’est le seul moyen de l’usage proportionné à l’événement auquel on est confronté, tranche Denis Jacob. Il fallait les incommoder de façon à ce que les personnes se lèvent et s’en aillent."