États-Unis: des mini menus au pays du supersize pour les adeptes des médicaments anti-obésité

Des mini-burgers et une mini-portion de frites, au Clinton Hall de New York - Clinton Hall NY
Dans les quatre restaurants Clinton Hall de New York, aux côtés du "bacon bacon bacon burger" et du "CH challenge" - burger avec 500g de steak à 50 dollars qui devient gratuit s'il est mangé en moins de 25 minutes -, figure un "teeny-weeny mini meal". Comprenez, un repas tout-petit riquiqui.
Comptez huit dollars pour un burger de la taille d'une bouchée, accompagné d'une petite portion de frites et d'une minuscule boisson (bière, vin, martini - tous les goûts sont permis). Non, il ne s'agit pas d'un nouveau menu enfant - mais bien d'une formule proposée aux adultes, comme le raconte le New York Times.
Dans cette contrée du gigantisme alimentaire, où les menus extra-large et supersize sont rois, l'apparition de modèles réduits détonne. Pourtant, nombreux sont les restaurants new-yorkais qui choisissent de servir des demi-portions - voire quarts de portions - pour s'adapter aux appétits réduits des clients consommateurs d'Ozempic, de Wegovy ou autres dérivés.
Ces molécules GLP-1, qui s'adressaient initialement aux personnes diabétiques, ont vu leur usage être largement détourné ces derniers mois. Véritables coupe-faim, elles sont considérées par beaucoup comme une solution pour maigrir. Un remède miracle dans un pays où 260 millions de personnes souffrent de surpoids ou d'obésité sur une population totale de 330 millions d'habitants, selon une étude The Lancet, publiée fin 2024.
Un manque à gagner pour les restaurateurs
Aux États-Unis, un adulte sur huit a déjà réalisé une injection de GLP-1 - soit 15 millions de personnes - et plus d'un adulte sur trois s'est dit prêt à essayer, d'après une enquête relayée par CNN. Ce qui ouvre aussi une autre manière de consommer - ces derniers, dont l'appétit est fortement réduit, pourraient privilégier des entrées ou des accompagnements, plutôt que des repas complets ou formules "all-you-can-eat" (qu'on pourrait traduire par "tout ce que vous pouvez manger"…). Un entrée-plat-dessert, en format de poche, attirerait ainsi ces clients moins gourmands.
"Il y a tout un nouveau segment de marché qui veut activement des plus petites portions, souligne Dana Gunders, présidente de l'association ReFED qui lutte contre le gaspillage alimentaire, interrogée par le New York Times. Je pense que les restaurants qui voient ça comme une opportunité et nourrissent ce segment vont avoir un avantage compétitif".
Car l'usage massif d'Ozempic pourrait représenter un manque à gagner immense pour les restaurateurs. Outre les assiettes à moitié entamées,qui terminent directement à la poubelle, une tendance de fond se dessine. D'après un sondage établi par Morgan Stanley, 63 % des 300 personnes sous Ozempic, interrogées pour l'enquête, déclarent dîner moins souvent dehors et dépenser moins d'argent depuis le début de leur traitement. Bloomberg Intelligence fait le même constat : une personne sous traitement sur deux déclare sortir moins fréquemment au restaurant et commander moins de repas à emporter ou en livraison.
Si le phénomène semble - pour l'instant - davantage américain, les versions minis conquièrent aussi les tables de Londres et Dubaï, de l'enseigne de restauration rapide au restaurant étoilé, comme le remarque Libération.
D'après le quotidien, qui cite un reportage de la NBC, les petites bouchées ne seraient pas uniquement liées aux consommateurs de médicaments anti-obésité, mais aussi aux nouvelles habitudes de la Gen Z.. Celle-ci troquerait les repas classiques - petit-déjeuner, déjeuner, dîner - contre des snacks distillés tout au long de la journée.