Pourquoi la mort d'Émile a été datée deux jours avant la découverte de ses ossements

C’est un détail qui suscite une certaine interrogation, autant de la part des proches du défunt que de celui qui a signé le document, en l’occurrence le maire du Vernet (Alpes-de-Haute-Provence). La date du jeudi 28 mars 2024 a officiellement été retenue pour figurer sur l’avis de décès du petit Émile Soleil, dont la disparition et la mort n’ont toujours pas été expliquées par les enquêteurs en charge de cette affaire judiciaire.
Si cette date surprend, c’est parce qu’elle intervient en réalité deux jours avant la découverte des ossements de l’enfant.
Jour de la "mise en situation"
Le samedi 30 mars 2024, une randonneuse originaire du village a trouvé le crâne d’Émile sur un chemin dans une forêt près du Haut-Vernet. Deux jours plus tôt, personne n’avait officiellement la certitude que l’enfant était décédé.
"Les ossements ont bien été découverts le samedi et non deux jours plus tôt si c’est bien votre question", répond une source judiciaire lorsqu’on l’interroge sur le sujet.
La date du jeudi 28 mars 2024 surprend d’autant plus qu’elle correspond au jour de la "mise en situation". Ce jeudi-là, dix-sept personnes avaient été convoquées par la justice pour reconstituer le moment où le garçonnet a été aperçu pour la dernière fois, le samedi 8 juillet 2023.
Pourquoi cette date a-t-elle été choisie par les juges d’instruction et les enquêteurs? Aucune erreur n’a en tout cas été commise par la mairie du Vernet au moment de signer les documents, apportés directement par un gendarme de Seyne-les-Alpes le vendredi 28 juin 2024. La date du 28 mars figurait bien sur le papier officiel déposé sur le bureau et signé par François Balique.
"Une formalité administrative"
Étonné par ce choix, un gendarme des Alpes-de-Haute-Provence qui a longtemps travaillé sur l’affaire Émile n’y voit "qu’une formalité administrative". "Normalement, lorsque l’on découvre un cadavre, on attend les recherches de la cause de la mort. Puis, une fois qu’on a les causes, nous avons un PV d’inhumation délivré par le parquet qui autorise que le corps soit rendu à la famille", détaille-t-il.
"Le PV est établi par un officier de police judiciaire (OPJ) et amené à l’état-civil pour faire une déclaration de décès. Soit une date beaucoup plus tardive que deux jours avant la découverte des ossements. C’est étrange mais je pense vraiment que cela ne change rien et que c’est une formalité administrative", termine-t-il.
Pour celles et ceux qui travaillent sur le volet judiciaire de l’affaire, cette date n’a en effet pas d’importance sur l’enquête ou sur la manifestation de la vérité pour expliquer la mort d’Émile.
"Le choix de la date fut une simple raison technique et d’opportunité", indique une source qui suit le dossier Émile depuis le premier jour. Contacté à ce sujet, le parquet d’Aix-en-Provence n’a, pour l’heure, pas donné suite à nos sollicitations.
Quinze mois après la disparition du petit Émile, l’enquête pour expliquer la mort de l’enfant se poursuit. Les enquêteurs travaillent actuellement sur les résultats obtenus par l’analyse des ossements et des vêtements de l’enfant. Des restes qui n’ont toujours pas été rendus aux proches d’Émile, qui attendent désespérément d’obtenir des réponses à leurs nombreuses interrogations.