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INFO BFM DICI. Obsèques d’Émile au Vernet: la question d’un caveau familial divise les habitants

Le jeune Émile, 2 ans et demi, disparu le 8 juillet dans le village du Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence)

Le jeune Émile, 2 ans et demi, disparu le 8 juillet dans le village du Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence) - BFMTV

Si le conseil municipal du Vernet a autorisé l’inhumation de l’enfant en accordant une concession individuelle, rien n’est acté en revanche pour ses proches qui souhaitent obtenir un caveau collectif dans le cimetière du Haut-Vernet.

Le petit Émile Soleil pourra bien être enterré au hameau du Haut-Vernet le samedi 8 février prochain. Ses parents, Colomban et Marie, avaient fait cette demande au conseil municipal du Vernet qui s’est réuni ce samedi 18 janvier.

À l’unanimité, les élus ont voté pour l’accord d’une concession individuelle afin que l’enfant, mort à deux ans et demi dans des circonstances encore inexpliquées, puisse reposer dans le petit cimetière du hameau où il a été vu en vie pour la dernière fois le 8 juillet 2023.

Émile : les obsèques auront lieu le 8 février - 05/01
Émile : les obsèques auront lieu le 8 février - 05/01
20:44

"La loi nous y oblige"

"Je le fais avec le cœur et de plus la loi nous y oblige", a déclaré le maire, François Balique, lors de ce conseil ouvert au public. En France, lorsqu’une personne décède sur une commune, elle peut automatiquement y bénéficier d’une sépulture.

Demandée par ses parents, la concession individuelle pour enterrer Émile n’était donc qu’une formalité administrative pour le conseil municipal du Vernet afin que le Service catholique des funérailles, en charge de la cérémonie du petit garçon, puisse commencer des travaux pour assurer l’inhumation voulue dans la plus stricte intimité.

En revanche, cette délibération pour une concession individuelle ne permet pas aux parents d’Émile d’être automatiquement enterrés à leur tour dans le hameau. Sans bien propre et résidant secondaire par l’intermédiaire des grands-parents maternels de l’enfant, le couple est dans l’obligation d’obtenir l’autorisation du conseil municipal du Vernet pour installer un caveau de plusieurs places.

Selon nos informations, une demande a été réalisée en ce sens auprès du conseil municipal, mais elle n’a toujours pas été acceptée.

Les questionnements des habitants

Plusieurs conseillers municipaux, pour certains habitants du Haut-Vernet, ne souhaitent pas autoriser cette requête tout de suite.

"Émile est décédé ici. Mais ses parents et grands-parents vivent à Marseille. Nous ne pouvons pas accepter des inhumations à tous les résidents secondaires, sinon le cimetière ne pourrait plus accueillir les gens d’ici", indique l'un d'entre eux à BFM DICI avant d'ajouter: "Tous les Marseillais ou Parisiens, où les concessions sont beaucoup plus chères viendraient ici et ce n’est pas possible".

"Qu’est-ce qui les empêche de faire ces obsèques à Marseille? Ce petit, il a peut-être souffert les dernières minutes de sa vie au Vernet et là, il serait enterré ici, loin de sa famille? J’ai du mal à m’y faire", conclut-il auprès de BFM DICI.

Lui, comme d’autres habitants interrogés, respectent le choix de la famille d’Émile. Sans le comprendre pour autant.

"Si demain, les grands-parents demandent l’autorisation? Les oncles et tantes? On dira 'oui' parce qu’on a dit 'oui' aux parents?", se questionne auprès de BFM DICI un habitant du Vernet, membre du conseil municipal.

"Une résidence secondaire n’est pas forcément un domicile. Dans les villages, on a toujours fait ça en fonction des familles, un peu à la bonne franquette en respectant un équilibre. Là, le contexte familial est lourd. En plus, on ne connaît pas l’avenir", ajoute-t-il.

Dix mois après la découverte de ses ossements par une randonneuse sur un chemin du Haut-Vernet, la mort d’Émile n’a toujours pas été élucidée par les enquêteurs en charge de l’affaire. Des habitants craignent de voir un jour un proche de l’enfant impliqué dans sa disparition.

"Si les gendarmes ne lâchent pas l’affaire, c’est qu’ils ont des doutes. Et si demain on apprend que les enquêteurs en ont quelque chose à reprocher à la famille? On dira que le village n’a pas été prudent au moment de prendre des décisions", souffle l’un d’entre eux à BFM DICI.

"La porte n'est pas fermée pour autant"

Contacté, François Balique, le maire, ne souhaite faire aucun commentaire sur la situation. Selon les informations de BFM DICI, un nouveau conseil municipal pourrait avoir lieu dans les prochains jours pour trancher la demande de concession collective.

Un refus ferme et catégorique du conseil pourrait-il obliger Marie et Colomban Soleil à changer leurs plans pour l’inhumation de leur fils? Face à cette délicate situation, le couple ne cache pas son incompréhension et l’a fait savoir dans le village.

Un nouvel échange est prévu entre les proches de l’enfant et les organisateurs de la cérémonie dans les prochains jours a appris BFM DICI. Étape qui devrait acter définitivement le programme de cette journée du 8 février.

Contacté par téléphone par BFM DICI, l’avocat de Colomban et Marie Soleil, maître Jérôme Triomphe, n’a pas encore donné suite à notre demande. Conscient qu’un refus d'autoriser un caveau collectif pourrait susciter un certain émoi chez les proches et soutiens des parents d'Émile, un conseiller municipal assure "que la porte n’est pas fermée pour autant".

"Ce sont des parents qui ont 25 ans. Dans dix, quinze, vingt ans, le temps aura passé, les choses se seront tassées et nous saurons sans doute ce qui est arrivé à Émile. S’ils demandent à être auprès de leur fils à ce moment-là, tout sera différent", conclut-il auprès de BFM DICI.

Valentin Doyen