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INFO BFM DICI. Mort d'Émile: cet ADN sur lequel les enquêteurs travaillent

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INFO BFM DICI. Les enquêteurs engagés sur l'affaire de la mort du petit Émile travaillent depuis plusieurs semaines à partir des conclusions livrées par le laboratoire d'hématologie médico-légale de Bordeaux. Parmi ces résultats, ils travaillent désormais sur une "trace" ADN qu’il faut à présent recouper.

Trois semaines et toujours aucune communication officielle. Alors que le professeur Christian Doutremepuich a rendu son rapport d’expertises effectuées sur les ossements et vêtements du petit Émile vers le 20 septembre dernier, le parquet d’Aix-en-Provence se refuse toujours à faire le moindre commentaire.

"On ne peut pas communiquer sur tous les actes d'investigations qu'on mène car nous en menons des centaines", justifie une source de premier plan auprès de BFM DICI.

L'ADN au coeur des investigations

Parmi ces actes d’investigations, il y a en ce moment un gros travail effectué sur l’ADN. C’était déjà le cas cet été, lorsque des proches d’Émile ont dû fournir leurs empreintes génétiques auprès de la gendarmerie. "Ça, c'est un peu normal quand même de le demander à un moment ou à un autre de la procédure", note une personne proche de l’enquête.

Aujourd’hui, ce travail se poursuit en lien étroit avec les conclusions fournies par le laboratoire d'hématologie médico-légale du professeur Christian Doutremepuich, situé à Bordeaux.

"Le travail sur les vêtements s’avère important. C’est important pour l’enquête et la biologie", assure à BFM DICI une source qui a eu accès à l’intégralité du dossier déposé par le laboratoire bordelais.

Selon nos informations, un ADN étranger à celui de la famille d'Émile a été découvert lors de ces analyses.

Le procureur de la république d’Aix-en-Provence, Jean-Luc Blachon, ne souhaite pour sa part "ni confirmer, ni infirmer" cette information. Avant d'en appeler "au respect du secret de l’instruction".

Et maintenant, que va-t-il se passer? "Il faut prendre l’ADN d’autres personnes et faire des comparaisons", reprend la personne qui a eu accès aux conclusions du professeur Doutremepuich. C’est là tout le travail qu’effectuent actuellement les gendarmes de la Section de Recherches (SR) de Marseille.

Émile : la piste criminelle - 08/09
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"Encore faut-il que l'ADN 'matche' dans le Fichier national des empreintes génétiques (FNAEG) car s'il n’y est pas, nous aurons un ADN inconnu et cela ne nous aide pas beaucoup", nuance un magistrat pour qui cette éventuelle découverte ne veut rien dire. Et d'appuyer son propos. "Ce n'est pas parce qu'on trouve un ADN, qu'on trouve un coupable."

Cette "trace" découverte par le professeur Christian Doutremepuich et ses équipes peut être un élément important pour l'enquête. Mais elle peut aussi se révéler totalement insignifiante. En somme, c’est un élément fragile et les enquêteurs le savent.

Comment interpréter la présence de cet ADN?

Le général François Daoust, ancien directeur de l’Institut de recherche de la gendarmerie nationale (IRCGN), partage le même constat, en evoquant pour sa part les aspects techniques et scientifiques.

"Il y aura nécessairement besoin d’une interprétation. Si un ADN est retrouvé, est-il en quantité importante ou y a-t-il une ou deux cellules? Si c’est en quantité importante, c’est qu’on a une action forte de celui qui a déposé l’ADN. Quelques cellules, en revanche, ça peut être un transfert. Il faut donc être très prudent car l’ADN est très volatil", souligne-t-il auprès de BFM DICI. Comment un ADN peut-il se déposer sur un objet ou un vêtement ?

"Il y a des traces de contact, c’est-à-dire une personne qui touche un vêtement et laisse plus ou moins d’ADN. Soit, c’est un transfert", appuie le général François Daoust.

Et de matérialiser ses dires par un exemple concret. "Je sers la main de quelqu’un, je lui laisse mon ADN. Cette personne touche l'objet et ne laissera pas son ADN mais le miens."

L’expert en police scientifique rappelle "qu’une contamination de hasard" n’est pas à exclure. La priorité à présent est donc de recouper les ADN, c’est-à-dire de les comparer. Si les traces ne coïncident pas avec la base d’ADN disponible dans le FNAEG, qui regroupe les empreintes génétiques de personnes condamnées ou impliquées dans des affaires judiciaires criminelles, les juges d’instruction peuvent étendre les prélèvements.

"Cela peut être plus ou moins ciblé, c’est-à-dire que les empreintes génétiques sont prélevées sur toutes les femmes ou tous les hommes du hameau où a disparu Émile", conclut alors le général François Daoust.

De nombreuses expertises encore à mener

Selon les informations de BFM DICI, la section de recherches de Marseille continue de travailler comme d'habitude, pas à pas et sans se mettre une pression qui s'avererait néfaste.

Le travail sur l’ADN "n’est qu’un acte banal et qui n’a pas de sens en tant que tel", explique une source qui suit de près le travail des enquêteurs mobilisés sur le dossier. "Ils n’ont pas encore fini leurs expertises et contre-expertises donc, voilà, ils ont encore pas mal de travail là-dessus. C'est pour ça qu'il faut être prudent", appuie-t-elle.

Avant de conclure. "Attention aux corrélations qui seraient abusives et qui n'ont rien de certain. Il faut éviter de jeter l'opprobre sur quelqu'un ou de créer une situation qui pourrait être compliquée localement."

Une quinzaine d’enquêteurs travaillent jour et nuit depuis quinze mois pour tenter d'expliquer la disparition puis la mort de l’enfant, apperçu la dernière fois le 8 juillet 2023 dans le village du Vernet (Alpes-de-Haute-Provence).

Eux non plus ne souhaitent faire aucun commentaire. "Il y a une communication quand on obtient un résultat important avec une divulgation qui ne mettra pas en cause la procédure ou alors parce qu'on arrive à une phase finale ou décisive. Là, on n’est pas du tout là-dedans. Toute la communication qu'ils peuvent faire sur la réalité de leur dossier peut les fragiliser", confie une source qui suit le travail des enquêteurs de près.

Valentin Doyen