Disparition d'Émile au Vernet: pourquoi est-il plus difficile de rechercher un enfant en bas âge?

Le petit garçon de deux ans et demi a disparu samedi soir, alors qu'il était en vacances chez ses grands-parents. Les recherches se poursuivent dans un périmètre étendu ce lundi.

Des recherches complexes. Le petit Émile, deux ans et demi, disparu depuis samedi soir, alors qu'il se trouvait en vacances chez ses grands-parents au village du Vernet, dans les Alpes-de-Haute-Provence, reste introuvable ce lundi. Les recherches, adaptées à l'âge de l'enfant, s'avèrent particulièrement difficiles, alors qu'une enquête pour disparition inquiétante a été ouverte dimanche.

Un âge où l'enfant est "en quête d'autonomie"

Les enquêteurs travaillent à pied d'oeuvre depuis samedi pour tenter de retrouver le garçonnet. Un premier périmètre de recherches d'un diamètre de 5 km autour de la maison de ses grands-parents, où il a été vu pour la dernière fois, a été mis en place.

"Le quadrillage est assez petit au vu de la motricité de ce jeune garçon et de la topographie", explique sur BFMTV David Corona, négociateur et profileur, ex-membre du GIGN et fondateur de l’agence Incognita.

Le périmètre a ensuite été "étendu" ce lundi après de premières recherches infructueuses, selon le maire du village François Balique.

En effet, l'enfant aurait pu s'aventurer un peu plus loin que prévu et se perdre. "Un enfant de cet âge est en quête d'autonomie même s'il se sait dépendant de l'adulte. C'est l'âge où il commence à dire non", indique à BFMTV.com Laure Westphal, psychologue, chercheuse associée et enseignante à Sciences Po.

Pour David Corona, "[l'âge d'Émile] est à la fois un avantage et un inconvénient. Il a deux ans et demi donc il ne va pas pouvoir aller très loin tout seul. Le problème, c’est qu’il a une faible motricité donc s’il tombe dans un endroit où il a du mal à sortir, il va avoir du mal à retrouver un chemin".

"Rien de programmé à cet âge-là"

Quand un enquêteur recherche une personne disparue, il tente de se mettre à sa place. L'objectif est de cibler les endroits où elle aurait pu aller, dans l'hypothèse où elle se serait simplement perdue dans la nature. Or la tâche est plus complexe dans le cas d'un jeune enfant.

"Il peut partir dans n’importe quel sens", indique Johanna Rozenblum, psychologue-clinicienne et consultante pour BFMTV.

"On a tendance généralement à penser que (les enfants) vont vers les espaces qui leur sont plus privilégiés donc aller vers l’ombre s’il y a beaucoup de lumière, comme une espèce d'instinct de survie", évoque-t-elle. Sauf qu'"il n’y a rien de programmé dans leur tête à cet âge-là", souligne-t-elle.

L'ancien secouriste du peloton de gendarmerie de haute-montagne Éric Mesnier se montre lui aussi inquiet. "Ça reste un enfant qui a deux ans et demi, donc il n’y a pas de logique (…), il peut être partout. Ça laisse supposer qu’il peut partir dans tous les sens et que dès qu’il va rencontrer une problématique liée au terrain, il va bifurquer", estime-t-il.

"Pas la même perception du danger"

"Un enfant a des réactions différentes d'un adolescent ou d'un adulte, il peut prendre des risques, marcher n'importe où", souligne de son côté à BFMTV.com Laure Westphal.

"L'enfant n'a pas la même perception du danger. Un cours d'eau peut lui paraître attirant, alors qu'il y a du courant", ajoute-t-elle. Pour cette raison, "c'est important de penser à tout et pas juste à la logique d'un adulte", insiste la chercheuse.

Un appel à témoins pour Emile, deux ans et demi, disparu au Vernet © Gendarmerie nationale

Ce n'est qu'au bout d'un certain temps que l'enfant peut se rendre compte qu'il est seul et se sentir alors "démuni" ou avoir un "sentiment de détresse" en étant sans adulte, selon Laure Westphal.

Une région aux risques multiples

La topographie des environs du village du Vernet est par ailleurs jallonée de nombreux dangers, rendant là aussi le travail des enquêteurs difficile. "Il y a des pentes, beaucoup de foins, d’herbes hautes. Il y a multiplicité d’endroits où il peut s’arrêter", indique Éric Mesnier.

"(Les forces de l’ordre) quadrillent au maximum le maillage des recherches, mais on peut passer à côté de quelque chose", reconnaît-il.

Dans le cas où l'enfant aurait été enlevé, l'enfant peut "s'adapter à la personne dont il dépend". Il est "très perméable" et peut "prendre sur lui", indique Laure Westphal. S'il peut "s'énerver" dans le cas où on le "prive de ce qu'il demande ou qu'on le contraint", il est aussi capable de se montrer aussi "très sensible aux diversions et aux marques d'affection".

Juliette Desmonceaux