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Colère d'élus à Thorame-Basse à l'encontre de leur maire qui vit à 900 kilomètres d'eux

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Le maire de Thorame-Basse (Alpes-de-Haute-Provence) vit depuis 3 ans à 900 kilomètres de la commune qu'il dirige. Une situation qui génère incompréhension et frictions au sein du village; des tensions qui ont éclaté à l'occasion du dernier conseil municipal.

"Le village meurt, c'est inacceptable vous prenez des indemnités pour rien", s'insurge un élu de Thorame-Basse (Alpes-de-Haute-Provence) lors du conseil municipal, ce jeudi 24 juillet. Il n'aura en effet fallu qu'une dizaine de minutes avant que les conseillers municipaux n'élèvent la voix face au maire Bruno Bichon et ne décident de quitter la salle.

L'édile en poste depuis 2015, habite depuis 2022 à Sossais, une commune de la Vienne située à 900 kilomètres du village bas-alpin. Un déménagement qu'il a effectué pour des "raisons de santé", a-t-il expliqué. La situation, peu courante, génère depuis quelque temps d'importantes tensions chez les quelques 200 habitants du village. Parmi eux, Lili-Anne.

"Tout le monde est en souffrance, il n'y a jamais eu d'histoires et là plus personne ne se parle gentiment et il y a des disputes. Je ne comprends pas...", confie-t-elle au micro de BFM DICI.

Pour Jean Kints, maire du village de 1995 à 2008, cette situation est incompréhensible: "c'est dommage de ne pas avoir un maire sur place, on n'imagine pas, c'est presque un travail à plein temps."

"C'est toujours la faute du maire"

Selon Bruno Bichon, vivre à des centaines de kilomètres de la mairie et de ses administrés ne semble pas inconciliable avec le travail d'un élu local. "À partir du moment où on a les moyens techniques de travailler à distance, on peut le faire. Je ne suis pas le seul maire qui vit loin de sa commune, regardez notre actuel Premier ministre". Mais il le reconnaît: être maire, c'est être constamment responsable des bonnes comme des mauvaises choses.

"C'est toujours la faute du maire (...), quand j'étais là, on me disait 'il y en marre, on te voit tout le temps'. Ils estimaient que j'étais en train de tout surveiller", lance Bruno Bichon, agacé.

Mais une question se pose alors: si Sossais est désormais le domicile du maire, qu'en est-il, alors, de Thorame-Basse? "C'est toujours chez moi, explique Bruno Bichon, je suis maire".

Même s'il ne vise aucun nouveau mandat, l'élu ne compte pas pour autant abréger celui en cours. Il met un point d'honneur à mener à bien les projets entrepris jusqu'à présent. Mais pour les conseillers municipaux, ces dossiers n'avancent plus depuis longtemps.

"On trouve anormal qu'il soit payé alors qu'il fait la fête dans son village, là-bas, et qu'il ne s'occupe pas de la mairie", explique Robert Liautaud, conseiller municipal.

Un maire sur répondeur

Un avis partagé par d'autres habitants, visiblement très en colère. "Ne pas être là pour les administrés ce n'est pas facile, souvent il ne répond pas au téléphone ou aux mails, donc non, on ne peut pas gérer une commune de cette manière", détaille Caroline Chaillan, elle aussi conseillère à la mairie de Thorame-Basse.

Depuis novembre, plusieurs membres du Conseil municipal ont réclamé à Bruno Bichon la restitution de ses compétences; des demandes systématiquement balayées d'un revers de manche par l'intéressé.

"Ça s'est dégradé au fil des années. En fait, il gère tout seul sans nous demander et l'effet déclencheur ça a été son départ de la commune et qu'on ne puisse pas avoir la maîtrise de la commune. On se sent dépossédé de nos propres dossiers", conclut Caroline Chaillan.

Les conseillers municipaux attendent désormais une démission ou, à minima, une délégation de ses fonctions à une adjointe. À Thorame-Basse, le vote du budget est toujours en attente. Il devait pourtant être à l'ordre du jour du conseil, un ajout qui avait été demandé par la préfecture et qui n'a pas été respecté.

Laurie Charrié