"J'étais dans une mare de sang": un couple dénonce un problème de régulation médicale dans les Alpes-de-Haute-Provence, des investigations en cours

Les urgences de Grasse (Alpes-Maritimes) en novembre 2024. (Photo d'illustration) - BFM Nice Côte d'Azur
Ophélie se pose cette question: a-t-elle été victime d'une série de dysfonctionnements dans le système de régulation médicale? La semaine dernière, la mère de famille s'est gravement blessée au pied alors qu'elle se trouvait chez elle à Sisteron (Alpes de Haute-Provence) seule avec son enfant de deux mois. Aujourd'hui, elle et son compagnon témoignent des difficultés rencontrées lors de sa prise en charge médicale.
Tout commence le jeudi 3 juillet. Il est environ 16 heures quand Ophélie, seule à son domicile avec sa fille deux mois, se blesse au pied en se rendant au chevet de sa petite au sortir de sieste. L'accident peut sembler sans gravité, mais Ophélie, le pied en sang, se retrouve rapidement dans l'incapacité de se déplacer.
"Je regarde mon pied et j'étais déjà dans une mare de sang", explique la jeune femme à BFMDICI. Ophélie téléphone à son compagnon, alors en rendez-vous professionnel dans la commune. "J'entends juste 'viens, viens, viens', je n'ai pas bien compris si c'était elle ou la petite qu'il avait un souci, mais j'ai tout laissé pour aller les rejoindre." explique Mike Lori.
Un premier appel au 18
En attendant son compagnon, Ophélie affirme auprès de BFMDICI avoir fait le 18 pour expliquer sa situation: "J'ai expliqué que mon pied est en sang, que je ne peux plus marcher et que je suis avec ma petite de deux mois", assure la mère de famille. "Je sens que je vais tourner de l'œil donc s'il vous plait venez me chercher ou faites intervenir quelqu'un je ne peux plus bouger", affirme-t-elle avoir dit aux sapeurs-pompiers.
Selon elle, son interlocuteur lui répond alors que ce n'est pas possible, et qu'elle doit se rendre aux urgences. "Je leur explique que j'ai le pied cassé, et ils m'expliquent que toute seule ce n'est pas possible de m'être cassée le pied et qu'il faut que je me rende par mes propres moyens aux urgences."
Un deuxième appel
Mike rentre alors au domicile et découvre la "mare de sang" dans le couloir. "Je vois la petite qui crie et pleure. Sur le moment on panique, je l'ai prise dans mes bras, j'ai appelé le 18, et on m'a transféré vers une médecin. J'ai expliqué à nouveau la situation au mieux en essayant d'être précis pour qu'on m'envoie quelqu'un rapidement."
Malgré la panique, le jeune homme précise avoir été courtois. "J'ai eu quelqu'un avec un discours flou, on m'a dit que ce n'était pas quelque chose de grave et qu'on ne pouvait nous envoyer personne", explique-t-il. La panique s'installe alors chez le Sisteronais qui insiste au téléphone sur l'urgence de la situation. "Je leur ai dit que ne comprenais pas, que ce n'était pas possible qu'on ne pouvait pas me laisser pas comme ça. J'avais la petite qui hurlait, ma femme aussi, il y avait du sang partout." Selon Mike, "il y a eu un blanc et plus personne au bout du fil".
Un troisième appel
Dans l'impasse, ils contactent un ami pompier sur Sisteron. "Il fallait que j'aille aux urgences, mais j'avais au moins besoin de premiers soins", explique Ophélie. Entre temps Mike passe un troisième appel.
"Je rappelle en essayant au mieux de rester courtois et sans agressivité malgré la situation et j'ai de nouveau la même personne et je lui demande des explications."
N'obtenant encore qu'un refus Mike décide de renforcer son discours. "Je dis à la personne au téléphone que ma femme ne se sent pas bien et qu'elle devra répondre de ses actes s'il se passe quelque chose parce que ma femme est en train de tomber dans les pommes et que je ne m'en sors pas", détaille-t-il.
L'intervention d'un ami pompier
L'ami sapeur-pompier du couple arrive chez eux et prodigue les premiers soins. Son diagnostic tombe: fracture ouverte. Une ambulance privée arrive finalement sur place.
"Ils étaient très bienveillants, mais ils sont venus pour une plaie superficielle comme indiqué sur leur rapport. Ils ont fait le lien avec notre ami pompier qui leur a expliqué que c'était fracture ouverte", détaille Ophélie. "Ils se sont un peu agités et m'ont amenée directement aux urgences à Sisteron. Deux médecins m'ont prise en charge et tout s'est bien passé, ils m'ont ensuite transféré à Gap pour une chirurgie qui a été réalisée dès le lendemain pour me mettre une broche dans le pied."
Une enquête en cours "on ne veut plus que ça n'arrive ni à nous ni à d'autres"
Le couple, a depuis rencontré le maire de Sisteron, Daniel Spagnou. "Il nous a dit qu'une enquête était en cours. Il a contacté qui de droit de l'ARS jusqu'au député. Il a demandé à ce que des investigations soient faites pour savoir ce qu'il s'est passé. Aujourd'hui on attend, on n'est pas dans une agressivité, mais on veut savoir ce qu'il s'est passé et surtout on ne veut plus que ça arrive ni à nous ni à d'autres."
"L’Agence régionale de santé Paca a bien été informée de cette situation", a-t-elle indiqué à BFMDICI. "Comme pour chaque signalement porté à sa connaissance, une investigation est en cours auprès de l’établissement afin d’apporter toute clarification nécessaire et le cas échéant prendre les mesures correctives adaptées".