Face à une pénurie d'œufs, la SPA de Nouvelle-Zélande déconseille d'adopter une poule

Des poules dans une basse cour. (photo d'illustration) - Pixabay
En pleine pénurie d'œufs dans le pays, de nombreux Néo-Zélandais optent pour un choix qui paraît logique: acheter une ou plusieurs poules. Mais face à cette dynamique, la Société pour la prévention de la cruauté contre les animaux (SPCA), l'équivalent de la SPA française, alerte en rappelant que les poules ne sont pas des machines à pondre, rapporte le Guardian.
Le manque d'approvisionnement en œufs et donc l'augmentation des coûts que connaît actuellement la Nouvelle-Zélande est liée à l'interdiction au 1er janvier 2023 de l'élevage de poules en cage, jugée incompatible avec la bonne santé et le bien-être de ces animaux. Les poules doivent à présent être élevées au minimum être élevées dans des espaces collectifs dans lesquels elles peuvent se déplacer et qui contiennent en général une soixantaine de volailles par unité.
Selon les professionnels, il manque à l'heure actuelle plusieurs milliers de poules en capacité de pondre dans les exploitations du pays et un retour à la normale pourrait prendre plusieurs mois. Les étals des commerces ne devraient donc pas se remplir prochainement et les prix pourraient donc rester élevés.
Augmentation en flèche des recherches de poules
Pour mesurer l'engouement des Néo-Zélandais pour les poules, un chiffre: sur les sept derniers jours, le nombre de recherches en ligne pour des poules ou des produits "en lien" avec ces volailles a augmenté de 77% sur le plus grand site de ventes aux enchères et de petites annonces du pays, Trade Me, d'après le porte-parole de l'entreprise James Ryan. Sur le site, il est possible d'acheter une poule pour des prix compris entre 50 et 200 dollars néo-zélandais.
Mais la SCPA met en garde ceux qui seraient tentées par l'achat d'une poule pour en faire un distributeur d'œufs à domicile.
"Je comprends que cela semble être une bonne idée, mais s'il vous plaît, n'achetez pas de poule si vous ne pouvez pas vous en occuper à long terme. Nous ne voulons pas voir de nouveaux abandons", interpelle Gabby Clezy, responsable exécutive au sein de l'organisation.
Des propriétaires souvent mal informés
Car souvent, explique l'association, les nouveaux propriétaires "sont surpris" d'apprendre qu'une poule peut vivre plus de dix ans et qu'elle ne pond en réalité pas toute sa vie. La plupart du temps, la période de ponte la plus importante dure environ trois ans et ne commence que plusieurs mois après la naissance. D'autant que leur production d'œufs varie au cours de l'année.
"Ce sont des animaux de compagnie agréables. Ne les achetez pas comme producteurs d'œufs", appelle donc Gabby Clezy.
En 2022, la SCPA a ainsi récupéré 370 poules, la plupart d'entre elles remises directement par leurs propriétaires, abandonnées mais aussi saisies par les autorités pour manquement aux obligations légales permettant le bien-être des volailles. Les périodes de forte popularité des poules pondeuses ont systématiquement été suivies de vagues d'abandons.
Pour assurer ce bien-être, l'organisme émet plusieurs recommandations: il faudrait préférer l'adoption de plusieurs poules ("au moins trois") en même temps car ce sont des animaux sociaux. Il est par ailleurs essentiel de donner à ces animaux un espace de vie propre et assez de place pour qu'ils puissent se déplacer, et d'assurer un suivi vétérinaire ainsi qu'un approvisionnement en eau et en nourriture suffisamment important et de bonne qualité.
L'industrie s'adapte lentement à l'interdiction des cages
La décision de bannir les élevages en cage individuelle a été prise en 2012 et la part des volailles élevées de cette façon a baissé de 86% à l'époque à 10% en décembre 2022. Problème toutefois: l'entrée en vigueur de l'interdiction s'est faite alors que l'industrie n'avait pas entièrement réalisé sa mue.
Plusieurs raisons à cela: manque d'anticipation, volonté de repousser au maximum une transition coûteuse (plusieurs millions de dollars par poulailler) ou tout simplement absence de volonté de réaliser cette transition se soldant par une cessation d'activité.
Dans l'Union européenne, ces conditions d'élevage sont fortement régulées depuis 2012 avec notamment l'interdiction des cages individuelles pour les poules pondeuses pour les plus grosses exploitations. L'élevage en cage en général pourrait d'ailleurs être interdit dans toute l'UE dès 2027, après une initiative citoyenne acceptée par la Commission européenne.