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Ce que l'on sait du meurtre de Malakai, 7 ans, trois semaines après le drame à La Seyne-sur-Mer

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Sept personnes ont été mises en examen dans le cadre de l'enquête sur le meurtre du petit garçon, retrouvé mort à son domicile en octobre dernier.

Le quartier Berthe de La Seyne-sur-Mer est encore sous le choc. Dans la nuit du 12 au 13 octobre dernier, Malakai, un petit garçon de sept ans, est mort à son domicile après avoir été frappé à plusieurs reprises au cours des jours précédents.

Quelques jours plus tard, le beau-père de l'enfant sera interpellé et reconnaîtra être responsable de sa mort. Alors qu'une marche blanche doit avoir lieu ce week-end en hommage au petit garçon, BFMTV.com revient sur les circonstances de ce drame.

· L'autopsie révèle des violences

Les pompiers de La Seyne-sur-Mer sont appelés dans la nuit du 12 au 13 octobre, par une mère qui leur explique que son enfant est inconscient et a besoin d'aide. À l'arrivée des secours à l'appartement de la résidence des Terrasses de Rostand, le petit Malakai est en arrêt cardio-respiratoire et ne peut être ranimé.

Rapidement, la mère est mise en cause. "Un certain nombre d'incohérences dans les déclarations de la mère, âgée de 32 ans et enceinte de cinq mois, conduisent le parquet de Toulon à demander son placement en garde à vue", explique le procureur de la République de Toulon dans un communiqué publié le 18 octobre.

Une autopsie réalisée quelques heures après le décès de Malakai révèle des traces de strangulation, de multiples hématomes, des fractures graves et un traumatisme crânien.

La mère de Malakai, qui avait devant les secours évoqué une bagarre au pied de l'immeuble comme cause des blessures de son fils, finit par mettre en cause son compagnon, rapportent nos confrères de Var-Matin.

Elle reste tout de même mise en examen pour non-assistance à mineur de 15 ans en danger, non-dénonciation de crime et abstention volontaire d'empêcher un crime. Elle est actuellement incarcérée à Marseille.

· Le beau-père de Malakai mis en cause

En parallèle, le juge d'instruction est saisi du chef de meurtre sur mineur de 15 ans. Les investigations se poursuivent pour retrouver le beau-père de Malakai, un homme de 34 ans déjà connu des services de police, notamment pour des faits de vols, de violences conjugales et de menace.

Il avait essuyé huit condamnations depuis 2007, et avait même été condamné le 30 août dernier à un an de prison pour des faits de violences conjugales, faisant l'objet d'un mandat d'arrêt car il n'était pas présent lors de sa condamnation.

Il est finalement interpellé le 18 octobre, quelques jours après la mort de Malakai, alors qu'il s'était réfugié dans sa famille à Brignoles, indique le procureur. Il est immédiatement mis en examen pour meurtre sur mineur de 15 ans et est placé en détention provisoire.

Durant son audition par les autorités, il reconnaît rapidement les violences qui ont causé la mort de Malakai. Le petit garçon avait également reçu des coups dans les jours précédents, qui lui avaient causé une fracture du bassin, révèle France Bleu.

La famille du beau-père de Malakai est rapidement mise en cause à son tour. Le procureur de la République de Toulon indique que plusieurs membres de la famille étaient présents au domicile de La Seyne lors des jours où le beau-père s'est montré violent avec l'enfant. Y compris sa mère, qui a été placée en détention pour les mêmes chefs d'accusation que la mère de Malakai.

Quatre frères et soeur du beau-père de Malakai ont également été mis en examen. Ils sont à ce jour incarcérés dans plusieurs prisons de la région.

Var-Matin révèle qu'un "conseil de famille" s'était tenu au domicile de La Seyne le soir du meurtre, à l'issue du quel il a été décidé que le beau-père de Malakai viendrait se réfugier dans sa famille à Brignoles.

"Les auditions recueillies tendent à montrer que ce dernier aurait bénéficié de la protection de son entourage qui connaissait les recherches judiciaires le concernant", confirme le procureur de la République de Toulon.

· Les services sociaux avaient été alerté

Dans l'entourage de Malakai, beaucoup décrivent la mère du petit garçon comme "fragile" et ayant des difficultés à élever l'enfant seule, son père biologique vivant au Sénégal.

Le directeur de l'école dans laquelle était inscrit Malakai avait déjà alerté plusieurs fois les services sociaux, expliquant que le petit garçon ne venait plus à l'école et avait été souvent absent depuis le début de l'année.

Parmi les voisins de Malakai, certains dénoncent des services sociaux qui "n'ont pas fait leur boulot, ou ne sont pas allés plus loin".

"Au final, il y a encore un petit qui part, qui a sept ans", déplore un voisin au micro de BFM Toulon Var.

La mère de Malakai faisait bien l'objet d'un suivi par l'aide sociale à l'enfance depuis 2018. Cette dernière avait signalé en avril dernier des carences éducatives et des conduites "addictives" de la mère, indique le procureur de Toulon. Le juge pour enfant a alors ordonné une mesure d'assistance éducative, mais la mère de Malakai ne s'est jamais présenté aux rendez-vous de suivi.

· L'avocate de la mère dénonce une "emprise"

D'autant plus que les comptes-rendus de l'aide sociale à l'enfance ne font pas état de violences envers l'enfant, ni de l'identité du beau-père.

L'avocate de la mère de Malakai, Me Anaïs Guenoune-Barhoumi, dénonce d'ailleurs une forme "d'emprise" de la part du beau-père sur la mère du petit garçon. "Il n'y a pas eu de volonté de ne pas porter secours à son enfant, elle n'a pas réalisé la gravité de ses blessures", déclare-t-elle à Var-Matin.

De son côté, l'avocat du beau-père de l'enfant ne conteste pas les violences commises, mais réfute l'aspect volontaire de l'homicide.

Le beau-père doit être de nouveau présenté au tribunal le 25 novembre prochain, pour les faits qui lui avaient valu une condamnation en août dernier, mais où il n'était pas présent.

En tout, sept personnes, dont six de la même famille, ont été mises en examen dans cette affaire.

· Une marche blanche ce samedi

Dans le quartier Berthe, l'émotion reste vive, trois semaines après le drame. Les voisins se souviennent d'un petit garçon qui "jouait dehors avec les pistolets à eau, les vélos, il courait après les autres petits garçons".

Les voisins et proches de Malakai craignent que le drame ne devienne qu'une autre histoire sordide.

"On a peur qu'on l'oublie", nous confie l'un d'entre eux. "C'était un ami de mon fils. Pour sa mémoire, j'aimerais qu'on lui rende hommage."

La tante maternelle de Malakai a co-organisé, avec une amie de la mère du garçon, une marche blanche qui aura lieu ce samedi. Le cortège se joindra à 14h au parc de la Navale, avant de rejoindre le quartier Berthe.

Les proches de Malakai ont invité ceux qui le souhaitaient à déposer des fleurs sur les terrasses de la résidence Rostand, avant que celles-ci ne soient déplacées à l'intérieur, où se trouvera le mémorial pour le petit garçon.

Les obsèques de Malakai devraient avoir lieu prochainement.

Laury Holste avec Laurène Rocheteau