"Me at the zoo": la première vidéo de Youtube a désormais 20 ans et a cumulé des centaines de millions de vues

Tremplin à de nombreux créateurs de contenus, clips musicaux aux milliards de vues, première chaîne de télévision en France, vitrine pour des créateurs de contenus ou pour le prochain blockbuster au cinéma: Youtube est devenu une plateforme incontournable de promotion en vidéo.
Et pourtant, elle doit ce succès à 19 petites secondes qui ont changé la face d'Internet. Car c'est au zoo que tout a commencé.
"Une trompe vraiment, vraiment, vraiment longue"
Le 14 février 2005, trois Américains de la Silicon Valley imaginent un site. L'objectif? Publier tous les contenus audiovisuels culturels. Ils se nomment Jawed Karim, Steve Chen et Chad Hurley. Les trois amis se sont rencontrés chez Paypal. Mais pour tester leur idée, il faut forcément poster une première vidéo.
Et c'est Jawed Karim qui s'y colle. Dans une courte vidéo, on peut voir le jeune homme au zoo de San Diego. "C'est bon, on est devant l'enclos des éléphants", lance-t-il, un peu timidement.
"Le truc sympa avec eux, c'est qu'ils ont une trompe vraiment, vraiment, vraiment longue. Et c'est cool. C'est à peu près tout ce qu'il y a à dire", conclut-il, sans autre forme de procès.
Un "artefact historique"
La vidéo a été publiée le 23 avril, un mois avant le lancement de la version bêta publique de la plateforme en mai 2005. Depuis, la publication a été visionnée plus de 348 millions de fois. Le média américain Business Insider l'a même classé comme la vidéo la plus importante de l'histoire de la plateforme. De son côté, l'Observer évoque "un artéfact historique".
Pourtant, c'est loin d'être la publication la plus regardée sur Youtube. C'est le clip de la chanson "Baby Shark", une comptine pour enfants devenue aussi célèbre qu'irritante pour les parents, qui détient le record du nombre de vues avec 15 milliards de vues. De son côté Jawed Karim, qui a quitté Youtube en 2005 pour obtenir un diplôme d'informatique à Stanford, est suivi par 5 millions d'abonnés. Une communauté loin d'atteindre celle de l'influenceur MrBeast. Fort de ses 360 millions d'abonnés, le créateur est devenu la personnalité la plus suivie sur Youtube en juillet dernier.
La plateforme a rapidement été rachetée par Google en 2006, pour 1,65 milliard de dollars. Dès lors, Jawed Karim ne cesse alors de critiquer les changements opérés par le géant de Mountain View sur sa plateforme. Et pour cela, l'ingénieur va se servir d'un outil un peu particulier: sa vidéo.
Un signe de protestation
En 2013, le réseau social oblige alors ses utilisateurs à s'inscrire au réseau social Google+ pour pouvoir commenter les vidéos. Un changement qui ne passe pas auprès de nombreux internautes, dont Jawed Karim. "Mais bon sang, pourquoi est-ce que j'ai besoin d'un compte sur le réseau social Google+ pour commenter une vidéo", commente-t-il sous sa publication. La mise à jour a été abandonnée en 2015.
Ces critiques atteignent leur paroxysme en 2021. En novembre, le réseau social masque le nombre de personnes ayant cliqué sur le bouton "Je n’aime pas" sous chaque vidéo. Le réseau souhaite ainsi "protéger (ses) créateurs du harcèlement en décourageant les utilisateurs de cliquer sur ce bouton uniquement pour faire grimper le nombre de ‘Je n’aime pas’".
L'informaticien décide alors de mettre à jour la description de la vidéo "Moi au zoo", en signe de protestation. "Quand tous les youtubeurs s'accordent à dire que supprimer les dislikes est une idée stupide, c'est probablement le cas", écrit-il en description, selon les informations de Mashable. "Réessayez Youtube." Un message rapidement supprimé par la plateforme.
Un tremplin et un pourvoyeur d'emplois
"La première chaîne de télévision en France." C'est avec ces mots que Justine Ryst, directrice générale de Youtube France, décrivait la plateforme en novembre dernier. Et c'est vrai que les statistiques donnent le tournis.
Selon des résultats Médiamétrie, la plateforme est notamment la première destination vidéo qui réunit chaque jour les 15-49 ans, devant l’ensemble des chaînes TV linéaires. En parallèle, la plateforme sert aujourd’hui de tremplin à de nombreux créateurs de contenus, auxquels elle reverse plus de 50% des revenus publicitaires. Rien qu'en France, elle revendique la création de 21.000 emplois équivalents temps plein et une contribution de 850 millions d’euros au PIB français sur un an.