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INFO TECH&CO. L'influenceur Nasdas va être auditionné par la commission d'enquête parlementaire sur Tiktok

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Selon les informations de Tech&Co, l'influenceur Nasdas va être entendu devant l'Assemblée nationale le 10 juin prochain. AD Laurent et le couple Julien et Manon Tanti ont également été convoqués.

Un nouveau nom s'ajoute à la liste. Selon les informations de Tech&Co, la commission d'enquête parlementaire sur les effets psychologiques de Tiktok sur les jeunes va auditionner l'influenceur Nasdas.

"On a cherché à convoquer des personnes qui nous étaient indiquées par le public (...) Pour ça, on a lancé une grande consultation citoyenne. Et un des noms qui est par exemple ressorti, c'est celui de Nasdas", annonce Arthur Delaporte, président de la commission d'enquête sur les effets de Tiktok sur les mineurs, interrogé par Tech&Co.

Il faut dire que Nasdas est un incontournable auprès des jeunes. Suivi par 3,7 millions d'abonnés sur Tiktok et 9,2 millions sur Snapchat, le vidéaste fait partie des créateurs les plus suivis sur Snapchat. Il s'est spécialisé dans la "vie des quartiers", la "chienneté" comme il aime l'appeler. Dans ses vidéos, il partage des morceaux de son quotidien dans le quartier Saint-Jacques, à Perpignan, l'un des quartiers les plus pauvres de France.

Des redistributions d'argent qui interrogent

Mais le jeune homme s'est surtout fait connaître pour redistribuer ses revenus, estimés entre 7.000 et 41.000 dollars par jour, à sa communauté. En 2022, le vidéaste a volontairement diffusé sur les réseaux son numéro de carte bleue, sur laquelle se trouvaient près de 16.000 euros. L'objectif? Permettre à ses millions d’abonnés d'effectuer les achats de leur choix avec sa carte.

Un concept qui questionne le député PS du Calvados. "C'est un influenceur qui accueille parfois des jeunes chez lui et qui redistribue de l'argent. Ca peut interroger", rappelle-t-il.

"C'est pour ça qu'on a voulu le faire venir à l'Assemblée. Pour comprendre son rapport aux plus jeunes, et interroger plus largement le modèle économique de mise en valeur de quelque chose qui peut avoir des côtés pertubrants ou gênants."

Les membres de la commission, dont la députée Laure Miller est la rapporteure, tenteront donc de comprendre les logiques derrière ces dons d'argent en direct. "Comment on peut voir des jeunes, parfois très pauvres, se tourner vers un influenceur pour aller lui quemander de l'argent? C'est quoi ce modèle? Est-ce que c'est ça qu'on a envie d'encourager? Je n'en suis pas certain", lance Arthur Delaporte.

La date de l'audition est fixée au 10 juin. Et Nasdas ne sera pas le seul à être auditionné par la commission. Une dizaine de vidéastes, dont l'influenceur controversé AD Laurent et le couple Julien et Manon Tanti passeront également devant l'Assemblée nationale.

Interrogé par Tech&Co à la mi-mai, Arthur Delaporte s'inquiétait notamment de "la tonalité des contenus" d'AD laurent et de ce qu'il peut véhiculer comme "vision de la sexualité auprès des plus jeunes". "Ils vont être confrontés à à tous les stéréotypes autour de la sexualité et à des contenus prônant une image dégradante de la femme", soulignait le député PS du Calvados.

Concernant les Tanti, le dprésident de la commission pointe du doigt l'exposition des enfants du couple sur leurs plateformes, à peine âgés de 7 et 4 ans, ainsi que des contenus problématiques, comme des lives ou des placements de produits dangereux, voire interdits.

"Ne pas faire le procès des influenceurs"

Tous les vidéastes concernés ont reçu une convocation officielle. "La plupart ont répondu favorablement", sourit le député. Mais Arthur Delaporte insiste: "Nous ne sommes pas là pour punir."

"Le sujet ce n'est pas de faire le procès des influenceurs mais de comprendre s'ils ont conscience des effets que leurs contenus peuvent avoir sur les plus jeunes", rappelle le président de la commission.

En effet, depuis deux mois, trente députés étudient l'algorithme de Tiktok et les répercussions psychologiques de l'application sur les enfants et les adolescents. Leur objectif ? "Essayer de voir si l'Etat a besoin de renforcer un certain nombre de mécanismes et voir si les plateformes répondent aux obligations légales qui sont les leurs", résume Arthur Delaporte.

Pour cela, des spécialistes du numérique, des économistes, des psychologues, des associations de défense de victimes et des juristes ont été auditionnés. Des victimes sont également venues témoigner. En juin, viendra ensuite le tour des tiktokeurs, et des représentants de Tiktok.

Un premier bilan devrait être dressé le 28 juin prochain. Les conclusions définitives de la commission seront présentées au plus tard le 12 septembre prochain.

Salomé Ferraris