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"C'est le nom qui est le plus revenu": le député Arthur Delaporte revient sur l'audition prochaine d'AD Laurent par la commission Tiktok

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La commission Tiktok à l'Assemblée nationale va auditionner l'influenceur controversé AD Laurent le 10 juin prochain. Arthur Delaporte, président de la commission, s'inquiète notamment de "la tonalité de ses contenus" et ce qu'il peut véhiculer comme "vision de la sexualité auprès des plus jeunes".

Ad Laurent. C'est le nom qui revient le plus souvent dans les classes de CM2 à la sixième lorsqu'on leur demande quel influenceur ils suivent. Et pour cause, avec 1,8 million d'abonnés sur Tiktok, il fait partie des personnalités incontournables pour les jeunes sur la plateforme.

Le hic, c'est que le vidéaste, également acteur pornographique, divise. Pour preuve "c'est le nom qui est le plus revenu dans la consultation citoyenne lancée par la commission", souligne Arthur Delaporte, président de la commission d'enquête sur les effets psychologiques de Tiktok sur les mineurs, interrogé par Tech&Co. La majorité des 25.000 réponses obtenues l'ont d'ailleurs classé dans les influenceurs pouvant partager des contenus choquants.

"A-t-il conscience que de jeunes enfants le regardent?"

Résultat, la commission d’enquête va auditionner le vidéaste le 10 juin prochain. Arthur Delaporte s'inquiète notamment de "la tonalité de ses contenus et ce qu'il peut véhiculer comme vision de la sexualité auprès des plus jeunes et des très jeunes enfants".

"Ils vont être confrontés à à tous les stéréotypes autour de la sexualité et à des contenus prônant une image dégradante de la femme", poursuit le député PS du Calvados.

AD Laurent s'est fait connaître en multipliant les émissions de téléréalités comme Les Princes de l’amour ou encore la Villa des coeurs brisés. Le créateur de contenus est ensuite devenu créateur de contenus, en misant sur les contenus jugés misogynes et masculinistes. Plusieurs internautes lui reprochent de rabaisser les femmes dans ses vidéos et de cultiver l'image du mâle alpha. Dans ses lives, les jeunes femmes, très sexualisées, sont régulièrement invitées à twerker ou à réaliser des strip-teases sous les commentaires d'AD Laurent.

La commission devrait notamment confronter AD Laurent sur ces pratiques et ces contenus, jugés "problématiques". Des questions comme "A-t-il conscience que de très jeunes enfants le regardent? Que certaines de ses attitudes peuvent tomber sous le coup de la loi comme outrage sexiste? (...) Lui-même, conseillerait-il à des enfants de s'abonner à ses contenus?", seront posées au vidéaste.

"Des contenus mis en valeur sur la plateforme"

"Plus généralement, ce qui pose problème, c'est que ces contenus sont mis en valeur sur la plateforme et qu'ils génèrent des revenus pour AD Laurent", insiste Arthur Delaporte qui envisage de le questionner sur son modèle économique pour mieux comprendre les mécanismes de l'algorithme de la plateforme.

Pour autant, Arthur Delaporte l'assure: la décision d'auditionner AD Laurent n'a rien à voir avec le courrier envoyé par Aurore Bergé, ministre déléguée à l’Égalité femmes-hommes. "C'est une coïncidence temporelle, mais nous avions déjà prévu de l'auditionner", assure le président de la commission.

En effet, la semaine dernière, AD Laurent a vu son compte Tiktok être supprimé par la plateforme pour violation des règles communautaires, après l'alerte d'Aurore Bergé. La ministre avait contacté Tiktok France, évoquant "des lives répétés avec des jeunes femmes dont il est difficile de déterminer l’âge" avec des "allusions sexuelles constantes". Elle réclamait également sa suspension.

De son côté, AD Laurent a vivement critiqué la suppression de son compte Tiktok, qu'il qualifie "d'injuste". "J’ai été réduit au silence sans aucune explication", assure-t-il dans un communiqué.

"Je ne suis ni masculiniste, ni misogyne, ni sexiste. Je n'ai jamais eu affaire à la justice. Mes propos n'ont jamais eu pour objet de blesser ou de minimiser tant la place que la dignité des femmes." Depuis mars 2024, le vidéaste est également visé par une plainte pour viols aggravés.

Bien que la liste ne soit pas encore arrêtée, la commission d'enquête Tiktok devrait interroger d'autres influenceurs sur la plateforme.

Salomé Ferraris