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"Extrêmement préoccupants": Aurore Bergé demande à Tiktok de retirer les vidéos de l'influenceur AD Laurent

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Selon les informations de RTL, confirmées par Tech&Co, la ministre déléguée à l'égalité entre les femmes et les hommes a écrit au patron français de Tiktok. Elle l'alerte sur les contenus de l'influenceur AD Laurent. Selon elle, ils contribuent à ancrer une culture de l'hypersexualisation et demande donc leur retrait.

Protéger les mineurs sur les réseaux sociaux. C'est l'objectif que s'est donné le gouvernement français. Après Emmanuel Macron, qui a rappelé ce mardi 13 mai sa volonté d'imposer une vérification de l'âge sur les réseaux sociaux, c'est au tour d'Aurore Bergé de passer à l'offensive.

Selon les informations de RTL, confirmées par Tech&Co, la ministre déléguée à l'égalité entre les femmes et les hommes a écrit ce mercredi 14 mai à Adam Presser, patron français de l'application de vidéos courtes. Dans un courrier dont Tech&Co s'est procuré des extraits, elle appelle le réseau à respecter ses engagements en matière de protection des mineurs. Au coeur du problème? Les contenus de l'influenceur AD Laurent.

"Culture de l'hypersexualisation et de la soumission"

La ministre juge ses publications "extrêmement préoccupantes". En effet, l'influenceur controversé, suivi par plus d'1,8 million d'abonnés sur Tiktok, fait régulièrement grincer des gens sur les différentes plateformes. L'ancien candidat de téléréalité, devenu acteur pornographique, diffuse de nombreuses vidéos où il prône la masculinité toxique et l'hyper virilité.

Dans certains contenus, il n'hésite pas à sexualiser les jeunes femmes et à décrire des pratiques sexuelles violentes, voire sans consentement. En février dernier, une de ses animations en boite de nuit, où des stripteaseuses se livrent à des actes explicites - notamment en mimant une fellation -, a été particulièrement critiquée par les internautes. Depuis mars 2024, le vidéaste est visé par une plainte pour viols aggravés.

"Loin de refléter une relation saine et équilibrée entre les femmes et les hommes, ces images contribuent à ancrer une culture de l'hypersexualisation et de la soumission des femmes", souligne Aurore Bergé, dans son courrier à Titkok.

Autant de contenus sexualisés et violents qui peuvent avoir de lourdes conséquences sur les utilisateurs très jeunes de l'application. "Ces images nourrissent des stéréotypes de genre délétères, participent à la banalisation des violences sexuelles et renforcent une vision inégalitaire des rapports entre les femmes et les hommes", liste Aurore Bergé.

Une politique de modération qui interroge

Si l'influenceur a été suspendu d'Instagram en 2024 pour avoir diffusé des directs sulfureux, AD Laurent continue de diffuser une multitude de lives et de vidéos sur Tiktok. Son compte "demeure particulièrement mis en avant sur votre plateforme, accessible sans filtre ni contrôle avec près de 1,8 million d'abonnés", déplore ainsi la ministre.

"Une telle facilité d'accès interroge sur l'efficacité des dispositifs de modération en place et sur les engagements de Tiktok en matière de protection des utilisateurs les plus vulnérables", poursuit-elle.

Aurore Bergé enjoint ainsi Tiktok à retirer les contenus choquants et violents mis en ligne par l'influenceur. "Vous avez à plusieurs reprises déclaré être pleinement conscient de la responsabilité qui vous incombe, je vous enjoins à la démontrer de façon effective et déterminée."

Depuis plusieurs mois, Tiktok est déjà dans le viseur du gouvernement. En mars dernier, l'Assemblée nationale a approuvé la création d'une commission d'enquête sur les effets psychologiques de Tiktok sur les enfants et les adolescents. Depuis février 2024, le réseau social est également visé par une enquête européenne pour des manquements présumés en matière de protection des mineurs.

Contactés, ni Tiktok ni AD Laurent n'avaient encore répondu.

Salomé Ferraris