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Qui est AD Laurent, cet influenceur et acteur pornographique qui va être auditionné par l'Assemblée nationale?

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Découvert grâce à la télé-réalité, AD Laurent s'est depuis reconverti dans le milieu de la pornographie. Le vidéaste, accusé de prôner une vision déformée et toxique de la sexualité, va être convoqué par l'Assemblée nationale, dans le cadre de la commission d'enquête Tiktok.

Le jour J est arrivé. Ce mardi 10 juin, l'influenceur AD Laurent va être auditionné à l'Assemblée nationale par la commission d'enquête sur les effets psychologiques de Tiktok sur les mineurs.

Interrogé par Tech&co en mai dernier, Arthur Delaporte, député PS et président de la commission, s'inquiétait notamment de "la tonalité de ses contenus et ce qu'il peut véhiculer comme vision de la sexualité auprès des plus jeunes et des très jeunes enfants".

De la télé-réalité au porno

"Ils vont être confrontés à à tous les stéréotypes autour de la sexualité et à des contenus prônant une image dégradante de la femme", poursuivait le député du Calvados.

C'est en 2015 qu'AD Laurent se fait connaître du grand public. Cette année-là, le jeune homme, âgé aujourd'hui de 29 ans, participe à une télé-réalité de M6 baptisée Garde à vous: Retour au service militaire. Il est alors âgé de 21 ans, et intègre un bataillon qui va simuler un service militaire complet. Il fait sensation, et apparaît quelques mois plus tard dans la quatrième saison des Princes de l'amour sur W9. Il est alors mis en cause par le bloggeur Jeremstar suite à des accusations d'infidélité.

Capitalisant sur sa célébrité naissante sur les réseaux sociaux, il embarque pour la quatrième saison de Friends Trip sur NRJ12, autre télé-réalité, qui va lui permettre en 2018 d'intégrer le casting de la saison 10 des Anges de la télé-réalité, où il se retrouve en couple avec l'influenceuse Shanna Kress. Cette histoire d'amour va faire les gros titres de la presse people, et s'étend jusqu'à 2019, au sein d'une autre émission, La Villa des cœurs brisés.

À l'issue de son expérience dans la télé-réalité, AD Laurent va opérer un tournant majeur dans sa carrière en devenant acteur dans le milieu de la pornographie. Il tourne essentiellement aux Etats-Unis. Depuis mars 2024, le vidéaste est par ailleurs visé par une plainte pour viols aggravés.

Mâle alpha et contenus sexistes

En parallèle, il est très présent sur les réseaux sociaux, où il cumule plus de 1,8 million d'abonnés sur Tiktok. Sur l'application de vidéos courtes ou sur Instagram, la star du petit écran mise sur les contenus jugés misogynes et masculinistes, qui frôlent parfois la légalité. Plusieurs internautes lui reprochent de rabaisser les femmes dans ses vidéos, de tenir des propos dégradants et de cultiver l'image du mâle alpha. Dans ses lives, les jeunes femmes, très sexualisées, sont régulièrement invitées à twerker ou à réaliser des strip-teases sous les commentaires d'AD Laurent.

Résultat, son profil Instagram a été supprimé en 2020 après avoir diffusé des lives de strip-tease. En mai 2025, l'histoire se répète. AD Laurent voit son compte Tiktok supprimé par la plateforme pour violation des règles communautaires, après l'alerte d'Aurore Bergé. La ministre avait contacté Tiktok France, évoquant "des lives répétés avec des jeunes femmes dont il est difficile de déterminer l’âge" avec des "allusions sexuelles constantes". Selon elle, le vidéaste diffusait "une vision déformée et toxique de la sexualité où la domination et la violence prennent le pas sur le respect et le consentement".

De son côté, l'influenceur assure ne pas véhiculer de messages sexistes et misogynes. "Sur mon compte Tiktok, il n’y a jamais eu de pornographie. Oui, je parle de sexe, oui, il y a des filles, mais mon contenu est totalement légal, ce sont des vidéos humoristiques au ton léger", précise au Parisien celui qui assume vendre du contenu pornographique uniquement sur des plateformes dédiées.

"Peut-être que mon contenu choque certaines personnes, mais je n’oblige personne à regarder et je ne fais rien d’interdit", insiste-t-il. "S’il y a des jeunes qui me suivent, ce n’est pas à moi de décider ce qu’ils doivent regarder ou non, je ne suis ni parent ni éducateur spécialisé."

AD Laurent compte donc faire entendre sa version des faits, ce 10 juin. "On m’a censuré en 24 heures sans que je puisse me défendre", rappelle-t-il. l'influenceur sera entendu par la commission dès 16h45. Les députés devraient le questionner sur ses pratiques et ses contenus, jugés "problématiques" et sur ses liens avec sa communauté, particulièrement jeune.

Sylvain Trinel et Salomé Ferraris