Tiktok: l'Assemblée approuve la création d'une commission d'enquête

C'est désormais acté. Les députés ont approuvé, ce jeudi 13 mars, une proposition de résolution transpartisane visant à créer une commission d'enquête sur les effets psychologiques de Tiktok sur les enfants et les adolescents.
Et la commission devrait avoir du pain sur la planche. Trente députés seront chargés d'étudier pendant six mois l'algorithme de Tiktok et les répercussions psychologiques de l'application sur les enfants et les adolescents. Ils devront notamment déterminer si l'application encourage le passage à l'acte suicidaire et l'auto-mutilation chez les jeunes ou si elle amplifie les contenus hypersexualisés qui développent des troubles alimentaires.
Un algorithme trop addictif
Selon la députée macroniste Laure Miller, à l'origine de cette proposition de résolution transpartisane, la commission devra également se pencher "concrètement" sur les mesures réellement mises en oeuvre par le réseau social et vérifier si elles sont ou pas "une espèce de coquille vide", précise-t-elle à l'AFP.
Autre mission: la commission sera chargée de proposer des mesures concrètes visant à protéger les enfants et adolescents, notamment en matière de régulation des contenus, de sécurité numérique et de modérations de pratiques de la plateforme.
En effet, la plateforme est souvent pointée du doigt pour son impact sur les jeunes utilisateurs. Au coeur du problème: son algorithme de recommandation, accusé par de nombreuses études comme le plus à même d'enfermer les internautes dans un flot de contenus homogènes et répétitifs.
Cet algorithme est même jugé "trop addictif" pour les jeunes selon la Commission européenne, qui a ouvert une enquête formelle en février 2024. De son côté, Amnesty International s'est également inquiété des effets psychologiques de l'application sur les jeunes.
Suicides et troubles alimentaires
"Tiktok pourrait exposer les enfants et les jeunes à des troubles du sommeil et de l'attention et pourrait contribuer à des modifications de la structure cérébrale analogues à celles observées chez les personnes souffrant d'une dépendance à la drogue", dénonce le rapport de l'ONG, publié en novembre 2023.
Réunies en collectif, sept familles ont porté plainte en novembre dernier contre Tiktok. Elles accusent le réseau social d’avoir encouragé leurs enfants à se suicider en les exposant à des contenus dangereux en lien avec le suicide, l’automutilation et les troubles alimentaires. Selon France Info, le 6 mars dernier, quatre nouvelles familles se sont jointes à la plainte.
"Pour que Tiktok reste un espace sûr et positif pour les adolescents, nous proposons des outils de sécurité de pointe et nos protections les plus robustes sont activées par défaut", rappelle de son côté un porte-parole de Tiktok auprès de Tech&Co. L'application propose en effet aux parents de limiter le temps d'écran de leurs enfnats à 60 minutes. Les moins de 16 ans sont également dans l'impossibilité d'accéder à la messagerie directe.
"Tiktok applique des règles strictes pour protéger notre communauté des contenus préjudiciables et nous supprimons de manière proactive plus de 98% des contenus qui les enfreignent. Nous sommes impatients d'expliquer à la commission d'enquête la façon dont nous relevons certains de ces défis, qui concernent l'ensemble du secteur", poursuit le porte-parole.
Selon une étude mondiale de Qustodio, en 2022, les mineurs ont passé en moyenne 1h47 par jour sur Tiktok. Et, si la plateforme interdit théoriquement aux mineurs de moins de 13 ans de s'inscrire sur le réseau social, les internautes peuvent facilement mentir sur leur âge. Pour preuve, près d'un enfant sur deux âgé de 11-12 ans y est inscrit, selon les statistiques de l'Arcom.