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"Mettre en lumière les dérives": l'Assemblée nationale lance une consultation citoyenne sur les effets psychologiques de Tiktok

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Depuis ce 23 avril, les Français sont invités à répondre à un questionnaire en ligne pour détailler leurs usages de Tiktok et les dérives qu'ils observent. Cette consultation citoyenne, ouverte jusqu'au 31 mai, est anonyme.

Un appel aux citoyens. Ce mercredi 23 avril, Laure Miller, rapporteure de la commission d’enquête sur les effets psychologiques de Tiktok sur les mineurs, a annoncé le lancement d’une consultation citoyenne en ligne.

L'objectif est double: faire "un état des lieux sur les usages et le temps d'écrans des Français sur Tiktok" pour compléter les données chiffrées de Médiamétrie et "mettre la lumières les dérives et les contenus violents rencontrés sur la plateforme", précise la députée macroniste. Le tout, pour aider la commission à bâtir ses préconisations.

Des milliers de réponses attendues

Concrètement, depuis ce 23 avril à 12h30, tous les citoyens français, notamment les jeunes et leurs parents, peuvent se rendre sur un questionnaire en ligne (disponible via ce lien) afin de détailler leurs usages sur l’application de vidéos courtes.

Ils devront répondre à des questions sur leurs pratiques des réseaux sociaux, mais aussi sur les dérives qu'ils observent sur l'application. Ils pourront également indiquer certaines de leurs recommandations pour mieux réguler Tiktok.

Des questions comme "Quels comptes suivez-vous?", "Quels sont les influenceurs qui ont partagé des contenus qui vous ont choqué?" "Etes-vous capables de ne pas vous connecter pendant plusieurs jours?", "Avez-vous déjà vu des contenus choquants sur Tiktok?" "Avez-vous déjà ressenti du mal-être?", font partie du questionnaire.

Les Français ont jusqu'au 31 mai prochain pour participer à cette consultation citoyenne. Pour cela, une identification par mail est nécessaire pour éviter toutes perturbations. Toutefois, les réponses aux questions sont anonymes. En parallèle, les Français ont la possibilité de transmettre directement des témoignages à la commission via le mail commission.tiktok@assemblee-nationale.fr.

Aller "au delà de Tiktok"

Arthur Delaporte, président de la commission d'enquête, espère recevoir "quelques milliers de réponses" afin d'avoir un échantillon représentatif des utilisateurs. "On aimerait mobiliser les jeunes, même si on sait que ce sont les plus difficiles à toucher", observe le député du Calvados. "Nous sommes également sensibles aux témoignages des parents."

"Les réflexions que l'on pourra avoir sur Tiktok pourront aussi s'élargir aux autres réseaux sociaux ou à la question des écrans et du téléphone portable", complète Laure Miller.

En mars dernier, les députés ont approuvé une proposition de résolution transpartisane visant à créer une commission d'enquête sur les effets psychologiques de Tiktok sur les enfants et les adolescents. Les 30 députés ont donc 6 mois pour étudier l'algorithme de Tiktok et les répercussions psychologiques de l'application sur les enfants et les adolescents.

Pour le moment, les travaux de la commission sont à leurs débuts. Les premières auditions ont commencé début avril pour comprendre les logiques de Tiktok avec toute une batterie d'experts. Viendront ensuite les auditions des associations de défense des jeunes, celles de membres du gouvernement, de tiktokeurs et enfin des représentants de la plateforme.

Des Tiktokeurs auditionnés à l'Assemblée

Pour le moment, la liste des créateurs de contenus auditionné n'est pas arrêtée. "L'idée, ce n'est pas de se substituer à la justice", lance Arthur Delaporte. "Plutôt de discuter avec eux pour savoir s'ils sont conscients de l'impact de leurs actions sur les plateformes."

"On aimerait avoir à la fois les tiktokeurs les plus emblématiques qui ont impact bénéfique et les plus problématiques", ajoute Laure Miller.

La commission sera ensuite chargée de proposer des mesures concrètes visant à protéger les jeunes sur l'application de vidéos courtes.

"Notre réflexion s'articule autour de la responsabilité de Tiktok en tant que plateforme en tant que telle dans la diffusion et la mise en avant de certains contenus, loin d'être neutres", conclut Laure Miller. "Il faut poser un diagnostic sur l'impact de Tiktok sur la santé mentale des jeunes."

Les conclusions de la commission seront présentées au plus tard le 12 septembre prochain.

La plateforme est régulièrement pointée du doigt pour son algorithme de recommandation, accusé par de nombreuses études comme le plus à même d'enfermer les internautes dans un flot de contenus homogènes et répétitifs, parfois très dangereux.

Le réseau social est notamment visé par une plainte de 11 familles françaises. Ces dernières reprochent à Tiktok d’avoir recommandé à des mineurs des vidéos promouvant le suicide, l’automutilation ou les troubles alimentaires.

"Tiktok applique des règles strictes pour protéger notre communauté des contenus préjudiciables", rappelait de son côté un porte-parole du réseau social auprès de Tech&Co en mars dernier. "Nous sommes impatients d'expliquer à la commission d'enquête la façon dont nous relevons certains de ces défis, qui concernent l'ensemble du secteur".

Salomé Ferraris