"Elle est dans une phase de combat": la sœur de Samuel Paty à la rencontre de lycéens de Grasse

"C'était un professeur, un simple professeur / Qui aimait son métier, qui ne comptait pas ses heures". Dans leur clip "Même combat", les élèves du lycée professionnel Léon Chiris, à Grasse (Alpes-Maritimes), ont rendu hommage à Samuel Paty, ce professeur assassiné le 16 octobre 2020 dans les Yvelines. Une chanson qui leur a valu de recevoir le Prix de la laïcité de la république française ce vendredi.
Pour l'occasion, la soeur de l'enseignant, Mickaëlle Paty, a fait le déplacement et est allée à la rencontre des lycéens, dans une salle qui porte désormais le nom de son frère.
"La terreur, c'est l'arme de ceux qui n'ont pas les mots pour défendre l'indéfendable"
Mickaëlle Paty, qui ne souhaite pas dévoiler son visage aux médias, a rappelé aux élèves l'importance de la laïcité et les a mis en garde contre les discours qui circulent sur les réseaux sociaux. "Des vidéos circulent sur Tiktok, qui appellent clairement à des offensives contre la laïcité.
Parce qu’elle ne serait, dit-on, 'plus à la mode' (...) L'objectif est de vous persuader d'y adhérer, sans se soucier des conséquences sur votre vie, et tous les subterfuges sont bons", a-t-elle fustigé, dans des propos rapportés par Nice-Matin.
Comme les lycéens dans leur chanson, qui prône le "vivre ensemble", Mickaëlle Paty a souligné l'importance de la "tolérance". "L’idée de tolérance n’a pas été conçue pour tolérer l’intolérable. La laïcité, c’est la règle commune de l’école, pour offrir un cadre apaisant pour mettre à distance nos différences, et nous tourner vers nos ressemblances. Elle garantit l’égalité entre tous les individus".
La sœur de l'enseignant a vivement dénoncé "ceux qui veulent nous faire croire que la laïcité est discriminante": "à défaut d’argument, ils préfèrent désigner des individus pour les culpabiliser, les affublant de racisme et leur mettre une cible dans le dos. La terreur, c'est l'arme de ceux qui n’ont pas les mots pour défendre l'indéfendable."
L'importance de la tolérance et la laïcité
Un sujet essentiel pour Shane, l'un des lycéens de l'établissement. "Certains voient ça comme une oppression, car ils ne sont pas au courant de ce que c'est. Ils se disent simplement qu'on les empêche de faire ce qu'ils veulent, ils ne voient pas plus loin", regrette-t-il au micro de BFMTV.
Enzo, lui, salue l'engagement de Mickaëlle Paty, venue transmettre "ses valeurs et ses émotions". "Elle est vraiment dans une phase de combat, elle veut que ça bouge et que les choses évoluent", souligne le jeune homme.
Un sondage Ifop, paru jeudi, à la veille de la Journée nationale de la laïcité, révèle qu'un professeur sur deux (56%) s'est déjà autocensuré, pour éviter des incidents sur les questions de religion. Ces chiffres s'élevaient à 36% dans une précédente étude de l'institut de sondage pour le Comité national d'action laïque, datant de 2018.
Pour Bérengère Drevon-Boterro, professeure de Lettres-Histoire au lycée Léon Chiris, il est toutefois essentiel de continuer à aborder ces sujets. "On a tous eu des élèves difficiles, avec qui la communication n'était pas toujours possible. Je pense que quand on rentre dans un dialogue, quand on est à l'écoute des élèves, ça se passe bien", affirme-t-elle à notre micro.
Les lycées, eux, comptent bien continuer de porter ce combat, comme en atteste le refrain de leur chanson : "Pour un dessin une vie bascule, je suis Samuel Paty / On ne restera pas dans nos bulles, on gagnera cette partie".