Matière grise et "super-pouvoir": ces changements radicaux dans le cerveau des femmes pendant la grossesse

Une femme enceinte, photo d'illustration. - Pixabay
La grossesse est synonyme de changements pour de nombreux aspects du corps: hormones, système gastro-intestinal, vessie, etc. Mais aussi, le cerveau. C'est l'enseignement d'une étude (Nature Neuroscience) publiée lundi 16 septembre.
Des chercheurs ont étudié le cerveau d'une femme enceinte, à travers une série de 26 examens menés entre la troisième semaine de conception, les neufs mois de grossesse puis deux ans après l'accouchement. Le tout sur un unique sujet: Elizabeth Chrastil, une neuroscientifique de l'Université de Californie, co-auteure de l'étude, âgée de 38 ans à l'époque.
"J'envisageais une grossesse, j'ai donc proposé l'idée de cette étude à la patronne du laboratoire de recherche (...) C'est compliqué de recruter des volontaires pour faire autant d'imageries cérébrales, en particulier des femmes enceintes", explique la cobaye qualifiée au Figaro.
"Le cerveau va se surspécialiser"
L'étude menée grâce à une imagerie par IRM n'est cependant pas irradiante et ne porte aucun danger pour la mère comme l'enfant. Le petit garçon d'Elizabeth, aujourd'hui âgé de 4 ans et demi, se porte par ailleurs très bien.
L'étude a mis en évidence une diminution généralisée du volume de la matière grise corticale - la zone ridée qui constitue la couche externe du cerveau. En parallèle, la matière blanche, située plus en profondeur, se densifie.
Moins de matière grise ne signifie pas que la femme enceinte deviendrait plus "bête", comme s'en amuse la chercheuse.
"Cela ne veut pas dire que les femmes deviennent moins intelligentes! Au contraire, le cerveau va se surspécialiser", plaisante-t-elle auprès du Figaro.
Elle compare ces changements à une forme de "super-pouvoir", la mère devant plus habile dans certains domaines, notamment la lecture des émotions. Ces deux changements structurels principaux sont concomitants à une augmentation des niveaux d'hormones œstradiol et progestérone.
Les changements ne se dissipent pas immédiatement après l'accouchement, avec une diminution de 4% du volume de matière grise seulement compensée par un rebond post-partum, qui ne permet pas d'atteindre le niveau initial.
Besoin de données supplémentaires
"Des études antérieures avaient pris des clichés du cerveau avant et après la grossesse. Mais nous n'avons jamais vu le cerveau en pleine métamorphose", s'est félicité auprès de l'agence de presse Reuters, Emily Jacobs, l'auteure principale de cette étude. Il n'est toutefois pas question de s'arrêter là.
Les scientifiques ont indiqué que, depuis la fin de l'étude, ils ont observé les mêmes schémas chez plusieurs autres femmes enceintes qui ont subi des scanners cérébraux dans le cadre d'une recherche en cours appelée "Maternal Brain Project" (projet sur le cerveau maternel). Leur objectif est de porter ce nombre à plusieurs centaines.