Les chiffres "très inquiétants" des violences sexistes et sexuelles subies par les médecins

Deux médecins (image d'illustration) - Philippe LOPEZ © 2019 AFP
Le Conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM) a publié les résultats ce mercredi 20 novembre d'une vaste enquête sur les violences sexistes et sexuelles.
21.140 médecins (environ 7,5% des effectifs français) ont répondu à l'enquête. Un panel qui n'est pas formellement représentatif de la profession, mais les chiffres n'en restent pas moins "très inquiétants", d'après le CNOM.
Les victimes sont surtout des femmes
Parmi les médecins interrogés, 29% d'entre eux "déclarent avoir été victimes, en majorité lors de leur parcours étudiant" de violences sexistes et sexuelles. Parmi les victimes figure "une prépondérance très forte de femmes". 54% de femmes médecins en activité s'estiment victimes, contre seulement 5% des médecins hommes. Parmi les femmes victimes de violences, 49% d'entre elles ont subi des outrages sexistes et sexuelles et 18% du harcèlement sexuel. 9% ont subi une agression sexuelle et 2% un viol.
"Ces violences proviennent, dans une proportion significative, de médecins inscrits à l’Ordre", précise le rapport publié ce mercredi. Ainsi, 26% des personnes qui dénoncent des violences sexistes et sexuelles se disent victimes d'autres médecins.
Les victimes ont des difficultés à se faire reconnaître en tant que victime, "seuls 3% d'entre elles déclarent que l'Ordre a été informé".
Trois médecins sur quatre veulent plus d'informations
La crainte de représailles et la honte, la pression de la hiérarchie et la lenteur de la procédure sont les principaux freins au signalement. "Deux tiers des médecins déplorent des discriminations professionnelles à l’égard des victimes", selon l'Ordre des médecins. Sur cette thématique, il existe un fort manque d'informations.
"Seuls 28% des médecins déclarent savoir quelles aides sont accessibles aux victimes. Trois médecins sur quatre déclarent avoir besoin de davantage d’informations", poursuit le rapport de l'Ordre des médecins.
Cette enquête fait suite à la vague de témoignages et réactions de médecins, internes, et autres soignantes intervenue au printemps, dans le sillage du mouvement #Metoo.
De nombreuses soignantes ont dénoncé une "culture patriarcale" installée à l'hôpital et une tradition d'omerta favorable aux violences sexistes et sexuelles. L'ex-ministre de la Santé Frédéric Valletoux avait mené des concertations et annoncé fin mai plusieurs mesures dont la mise en place d'une formation pour tous les personnels.