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Santé

Guyane: inquiétude des autorités sanitaires face à la réticence aux vaccins

Des gens font la queue pour recevoir une dose d'un vaccin Covid-19 dans un centre de vaccination de Cayenne, le 2 mai 2021

Des gens font la queue pour recevoir une dose d'un vaccin Covid-19 dans un centre de vaccination de Cayenne, le 2 mai 2021 - jody amiet © 2019 AFP

Selon l'Institut Pasteur de Guyane, 30% de la population adulte est certaine de ne pas se faire vacciner en Guyane. Une réticence qui inquiète alors que le territoire ultra-marin fait face à une hausse des contaminations en raison du variant brésilien.

En Guyane, la réticence aux vaccins contre le Covid-19, soulignée vendredi par une étude, inquiète les autorités sanitaires, au moment où le nombre de contaminations liées au variant brésilien augmente significativement.

"Même s'il y a une tendance timide à l'amélioration, 30% de la population majeure est certaine de ne pas se faire vacciner en Guyane", selon l'Institut Pasteur de Guyane, qui a mené deux enquêtes sur le sujet, de mars à mai.

Et les "réticences" sont "en augmentation chez les plus de 65 ans", indique Claude Flamand, responsable de l'unité d'épidémiologie de l'institut. Selon les derniers chiffres officiels, "5.259" personnes ont été vaccinées en Guyane sur sept jours glissants, soit un recul de 12% en un mois.

Scepticisme autour de l'efficacité du vaccin

Le sentiment d'une prétendue protection acquise, la "jeunesse de la population" (85.000 élèves pour 300.000 habitants), le "manque de confiance dans les autorités locales" et le recours à des "remèdes traditionnels" offrent un "combo" qui explique cette réticence marquée aux vaccins, estime Claude Flamand.

"En Guyane, 25% de la population (5% en France hexagonale) a été contaminée au cours de la 1e vague, en 2020, c'est beaucoup. Il y a donc beaucoup de gens (...) qui se sentent désormais protégés naturellement contre le virus et ils ne comprennent pas l'intérêt de la vaccination", ajoute le chercheur de Pasteur. "L'incertitude liée à l'efficacité du vaccin" reste la "principale raison de leur hésitation" (77%), suivie de la "crainte des effets secondaires" (53%).

Des différences apparaissent entre les bassins de vie: à la frontière avec le Brésil, à Saint-Georges de l'Oiapoque, où résident des familles transfrontalières, "75 à 80%" de la population "s'est fait vacciner ou est prête à le faire". Cette valeur tombe à "50%" dans les villes du littoral guyanais et chute à "30%" dans les communes rurales de l'intérieur.

Les hospitalisations et des réanimations en hausse

Ce territoire, sous semi-confinement (établissements scolaires fermés depuis jeudi, déplacements sous attestation, une partie de la vie économique stoppée) rencontre actuellement une augmentation inquiétante du nombre de contaminations liées au variant dit brésilien.

"Le rythme des hospitalisations et des admissions en réanimation est désormais supérieur" à la 2e vague, a indiqué par communiqué, vendredi, l'agence régionale de santé (ARS) de Guyane.

Sur les sept derniers jours glissants, 1.145 cas de Covid-19 ont été recensés, avec 24 hospitalisations supplémentaires (hors réa) et 4 décès. Vendredi, 25 patients étaient en réanimation.

H.G. avec AFP