Covid-19: la canicule risque-t-elle de favoriser la circulation du virus?

Alors que la France s'apprête à connaître une vague de chaleur intense, la circulation du Covid-19 demeure très élevée. Une situation qui appelle à la plus grande vigilance, l'aération des logements étant moins préconisée en période de canicule.

La septième vague, qui frappe depuis plusieurs semaines le territoire hexagonal, pourrait bien trouver un accélérateur dans les prochains jours: la canicule. Avec des températures pouvant atteindre 39°C dès ce mardi, Santé publique France recommande de maintenir son logement au frais et de fermer les fenêtres et les volets la journée. Mais ces mesures sont-elles compatibles avec l'aération régulière, essentielle à la lutte contre le Covid-19?

L'épidémiologiste Dominique Costagliola met en garde: la canicule pourrait accroître la circulation du virus dans les lieux fermés.

"Le virus se transmet par les aérosols", rappelle la directrice de recherche émérite à l'Inserm. "En période de canicule, on aère moins. On est plus à l’intérieur et donc plus susceptibles d'avoir une grande transmission par les aérosols."

Santé publique France appelle en effet à "privilégier" la prévention de la canicule à celle du virus. "L’aération pour lutter contre la transmission de Covid-19 doit se limiter aux heures les moins chaudes, quand les températures extérieures sont en dessous des températures intérieures", préconise l'organisme.

"Il faut mettre le masque en intérieur"

Dans ces conditions, et avec plus de 130.000 cas en moyenne chaque jour, Dominique Costagliola appelle à garder le masque dans les lieux clos. "Il faut mettre le masque à l’intérieur tant qu’on n’a pas investi sur la qualité de l’air", insiste-t-elle. "Il faut investir sur des systèmes de mesure et de ventilation efficaces. C’est particulièrement important pour les écoles et les commerces, mais cela peut s’étendre aux lieux de spectacle."

Seul point positif de la période, les vacances scolaires. "Un élément change en été: les enfants n’ont pas école", note l'épidémiologiste. "Ils sont un vecteur de transmission de l’épidémie. On a plutôt vu des effets positifs des vacances, même si elles se produisent en hiver."

Les risques de la climatisation

En cette période de forte chaleur et de rebond épidémique, la climatisation est-elle la solution miracle?

"Selon le type de climatisation, cela peut être bien ou délétère. C’est la qualité de l’air qui est essentielle", insiste Dominique Costagliola.

Comme le rappelle l'Organisation mondiale de la Santé, "la plupart des systèmes de climatisation muraux ou de fenêtre n'assurent pas de ventilation", "ils sont conçus pour réduire la température et l'humidité de l'air, et ce, en recyclant l'air intérieur". Autrement dit, ils ne dispensent pas d'une aération.

Le ministère de la Santé a formulé plusieurs recommandations dans l'usage de climatiseurs, qu'ils soient collectifs ou individuels. Dans les deux cas, il est recommandé "d'utiliser les filtres les plus performants possibles sur le plan sanitaire, de retirer, puis nettoyer périodiquement et réinstaller les préfiltres" et de "veiller à ce que les ventilateurs et climatiseurs ne génèrent pas de flux d’air dirigés vers les personnes".

Les autres mesures barrières

Santé publique France émet d'autres recommandations pour éviter la tranmission du virus dans cette période de fortes chaleurs:

• renforcer les autres mesures barrières: lavages de mains, port du masque dans les lieux collectifs rafraichis, distanciation physique
• ne pas utiliser de ventilateurs en présence de tiers
• s’isoler quand on est symptomatique ou en cas de tests positifs
• être à jour dans sa vaccination contre la Covid-19 dans l’éventualité de futurs épisodes de fortes chaleurs 

Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique, a estimé ce lundi que le système de soins allait "tenir" face à cette septième vague estivale. "Le plus important", selon lui, "c'est de protéger les personnes les plus âgées et les plus à risque", en renforçant leur vaccination.

Lucie Spindler