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Santé

Cancer, diabète, hypertension... serez-vous toujours remboursés ?

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Pour combler le trou de la Sécu, l’Assurance maladie propose de sucrer les remboursements de certains traitements des affections longue durée (cancer, diabète, hypertension artérielle, Sida...).

Un plan d’économie pour l’Assurance maladie
En 2008, le déficit de l’assurance maladie devrait s’élever à 4,1 milliards d’euros. Afin de le réduire, le directeur de l'Union nationale des caisses d'Assurance-maladie (Uncam), Frédéric van Roekeghem propose un plan d’économie de 3 milliards. Ses idées : baisser les prix des médicaments, renforcer le contrôle des prescriptions, réduire la liste des affections longue durée (ALD), et faire passer le taux de remboursement des médicaments dits « de confort » pour les malades atteints d’ALD de 100 à 35% (taux normal de remboursement par la Sécurité sociale). La différence serait alors transférée aux organismes complémentaires. Les tarifs de ces mutuelles pourraient alors s’envoler.
Médecins, associations de malades et opposition politique crient au scandale et dénoncent une remise en cause du principe de "solidarité" qui régit la protection sociale en France.
Deux de ces propositions posent particulièrement problème :

Première piste : réduire la liste des ALD
Une ALD est une affection qui nécessite un suivi et des soins prolongés et coûteux. Il en existe une trentaine. (Pour consulter la liste complète, cliquez ici). Après consultation et validation par son médecin traitant et un médecin conseil de la Sécurité Sociale, le patient atteint d’ALD bénéficie d’une couverture à 100% du traitement de sa maladie.
En France en 2006, plus de 7 millions de personnes étaient atteintes d’ALD. Parmi elles, plus de 20% souffraient d’un cancer, 19% de diabète, 12% d’hypertension artérielle 6,5% d’insuffisance cardiaque, 2,7% d’Alzheimer et plus d’1% du VIH Sida. Ces chiffres ne cessent d’augmenter et la CNAM estime qu’en 2015, ce sont plus de 10 millions de personnes qui seront concernées par les ALD.
L’Uncam propose, afin de freiner la hausse du nombre de bénéficiaires, de restreindre la liste des ALD. Selon Frédéric van Roekeghem, « la réglementation prévoit que le dispositif (de prise en charge à 100%) est réservé aux maladies "longues et coûteuses", ce qui n'est pas toujours le cas, notamment dans le domaine cardio-vasculaire. » Les cas d'hypertension artérielle ou certains types de diabète pourraient donc être exclus des nouveaux dispositifs. En effet, grâce aux progrès de la médecine, certaines maladies jugées ALD se soignent mieux et plus rapidement.

Deuxième piste : baisser le taux de remboursement des médicaments « de conforts »
Aussi appelés médicaments « à vignette bleue », ce sont des médicaments complémentaires au traitement d’une ALD. Ils n’ont pas un effet direct sur le traitement de la maladie, mais soignent les effets secondaires des médicaments traitants les ALD.
Par exemple, comme l’explique Michel Marty, cancérologue et président d'Eurocancer, « certains médicaments spécifiques entraînent des toxicités cutanées, dont le meilleur traitement est la prescription de crèmes hydratantes. Et je vois assure que quand vous avez une toxicité cutanée due à l’un de ces médicaments, ce n’est pas une question de "confort", c’est un traitement indispensable. »
Les exemples sont nombreux : la morphine administrée à un patient cancéreux entraîne une constipation systématique. Peut-on considérer le traitement laxatif prescrit pour y remédier comme un médicament de confort ? Même question pour les médicaments à « vignette bleu » utilisés pour combattre les nausées et vomissements dus à la chimiothérapie.

Sur les propositions de l’Assurance maladie, le gouvernement devrait trancher vers le 15 juillet selon la ministre de la Santé Roselyne Bachelot.

Juliette VINCENT - Laure Blanchelande