Suppressions de postes chez Renault : Montebourg critiqué

La non-fermeture de site est conditionnée à la signature d'un accord de compétitivité avec les syndicats - -
7 500 suppressions d’emplois d’ici 2016, mais pas de licenciements secs ni de fermetures de site : l’annonce de Renault a surpris beaucoup de monde, mercredi, mais apparemment pas Arnaud Montebourg. Le ministre du Redressement productif s’est félicité que les « lignes rouges n'aient été franchies », c’est-à-dire les plans de licenciements et la fermeture d'usines.
Sur le terrain, les salariés ont cessé le travail sur plusieurs sites, à Sandouville et Cléon notamment. Les syndicats rectifient au passage le nombre de postes supprimés à 8 260 emplois supprimés, car ils prennent en compte des embauches qui ne se feront pas. Mais pour réellement éviter les licenciements, il faut maintenant que tout le monde se mette d’accord, syndicats et direction: le temps de travail effectif passerait de 1 500 heures annuelles à 1 603, et les mobilités deviendraient en partie obligatoires. La question des salaires sera abordée le 22 janvier.
« Condition : la signature d’un accord de compétitivité »
« Je ne me réjouis pas, explique Emmanuel Morel, conseiller régional PS d'Ile de France. Le problème c’est que l’engagement de non fermeture de site est conditionné à la signature d’un accord de compétitivité. En gros, on explique aux salariés « soit vous acceptez de rogner sur votre salaire ou revoir votre temps de travail, soit on ferme le site et vous perdez votre boulot ». Je me pose la question : on va leur faire un chèque de 20 millions du crédit impôt compétitivité, alors qu’ils pratiquent une telle politique en terme d’emplois ? Monsieur Montebourg, à juste titre, a été très sévère avec PSA, je pense qu’il devrait l’être tout autant avec Renault ».
« Ses propos ne correspondent pas à la situation »
Secrétaire national du Parti de gauche, Eric Coquerel s’est dit « très étonné d’entendre Arnaud Montebourg se satisfaire de la suppression de 7 500 postes. Il pourrait au moins prendre la précaution de ne pas commenter ce qu’il se passe et attendre la réaction des syndicats. Au lieu de ça, il donne raison à Renault. Je ne sais pas si c’est parce qu’il en a assez de faire des déclarations et d’être désavoué après par le Premier ministre, mais ses propos ne correspondent pas à la situation ».
« Que Montebourg vienne au moins discuter »
Forcément chez les syndicats, CGT en tête, ces déclarations d'Arnaud Montebourg choquent, notamment Xavier Raynaud, le délégué central adjoint de la CGT Renault. « Il peut se féliciter de la non fermeture de site, mais les 8260 suppressions d’emploi représentent la valeur de trois sites, comme si on supprimait les emplois du site du Mans, de Cléon, et de Sandouville. S’il compte se défiler comme ça… Que monsieur Montebourg vienne à notre soutien, ce n’est pas ce qu’on lui demande, mais qu’il vienne au moins discuter avec les syndicalistes et qu’on lui explique la réalité du travail, car monsieur Montebourg, on s’aperçoit qu’il est plus régulièrement dans les salons avec la direction de Renault qu’au contact des salariés pour avoir leur opinion sur les conditions de travail en interne et sur ce qu’il se passe vraiment chez Renault ».
« On aurait pu craindre des mesures plus graves »
EELV de Loire Atlantique, François de Rugy est plus optimiste. « Je crois qu’il faut être clair : la réalité, c’est qu’il y a une surcapacité de production dans l’automobile depuis plusieurs années, donc oui, on aurait pu craindre qu’il y ait des mesures radicales et plus graves. Il est vrai que l’annonce de Renault est plus empreinte d’esprit de négociation, de progressivité, que la brutalité de celle de Peugeot ».