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"Si tu reviens j’annule tout", le PS à nouveau soumis aux Insoumis?: l'édito politique de Guillaume Daret

La motion de censure contre le gouvernement Bayrou portée par les socialistes a été votée par 189 députés. Loin des 289 requises. Faut-il y voir une reconstitution d’un front uni à gauche ? Rien n’est moins sûr.

Les socialistes veulent rappeler aux Français, et à leurs anciens alliés, qu’ils sont, finalement, toujours de gauche. C’est la seule et unique raison de la motion de censure déposée cette semaine contre le gouvernement de François Bayrou et dont le rejet, mardi soir à l’Assemblée nationale, était couru d’avance.

Un message politique pour affirmer qu’ils font leur retour dans l’opposition pure et dure. Terminée la neutralité bienveillante à l’égard du centriste béarnais. Le conclave sur les retraites a échoué et ils jugent que le locataire de Matignon a trahi son engagement que l’Assemblée nationale soit saisie du sujet, et ce quel que soit les résultats des discussions entre partenaires sociaux.

Montrer les muscles donc… mais pas trop, ou en tout cas sans prendre beaucoup de risques, ça rend tout de suite plus courageux. En témoigne l’attitude de l’ancien président François Hollande expliquant qu’il avait fait le choix de voter la censure "dès lors que le Rassemblement national ne s’y associera pas". 

"Ils rentrent à la niche"

Officiellement ce virage stratégique est plutôt bien accueilli par leurs partenaires de gauche. "Le PS revient à la raison, c'est-à-dire à l'opposition frontale avec Bayrou après l'échec du conclave" a salué Jean-Luc Mélenchon sur X.

En coulisses, les propos sont plus cinglants: "C’est bien de revenir à  la maison mais à cause de leur non censure le gouvernement a pu dérouler sa politique pendant six mois", tacle Manuel Bompard, le coordinateur de La France Insoumise. "C’est eux qui se ridiculisent, ils rentrent à la niche, la queue entre les jambes", ajoute une autre responsable du mouvement.

Le temps où le Premier secrétaire du PS actait la rupture avec LFI semble bien loin. Ces derniers jours Olivier Faure n’a pas exclu qu’en cas d’élections anticipées, le PS fasse de nouveau alliance avec le parti de Jean-Luc Mélenchon. Bien sûr, cela leur assurerait des sièges de députés mais ce serait politiquement illisible après les affrontements des derniers mois.

Autre écueil: en se replaçant dans le sillage de LFI, difficile de justifier une candidature socialiste autonome lors la prochaine élection présidentielle sans passer pour les diviseurs de la gauche. Charge désormais à Olivier Faure de faire en sorte qu’aux yeux des Français et des électeurs de gauche, ce virage stratégique ne finisse pas en tête-à-queue politique.

Guillaume Daret