Le MJS manifeste contre un gouvernement de gauche, une première

Les jeunes socialistes n'avaient jamais appelé à manifester contre une mesure d'un gouvernement de gauche. Mais cette fois, le "désaccord politique" est trop fort.

C'est une première. Depuis sa création en tant que mouvement autonome, en 1993, le Mouvement des jeunes socialistes (MJS) n'avait jamais appelé à manifester contre un gouvernement de gauche. Le pas aura donc été franchi en 2016, à l'occasion de la loi Travail: le MJS s'est joint aux syndicats étudiants et lycéens pour appeler à défiler contre le projet de loi. 

"Il ne s'agit pas d'une rupture avec le gouvernement, mais d'une forme de frustration accumulée depuis quelques temps, décuplée avec la déchéance de nationalité", explique un cadre du mouvement joint par BFMTV.com.

C'est donc sur la base d'un "désaccord politique" que le MJS s'est décidé. "Ça ne me fait pas plaisir d'aller manifester contre un projet porté par les miens", répète Benjamin Lucas, président du mouvement, sur les nombreux plateaux de télévision où il est invité depuis quelques jours.

"El Khomri nous a entendus, pas écoutés"

Du côté du gouvernement, on se serait bien passé de cette première fois. Mardi, Myriam El Khomri a reçu une délégation du MJS au ministère du Travail. "La discussion a été très intéressante et on a eu l'impression d'avoir été entendus, mais pas écoutés", dit-on chez les jeunes socialistes. Sans surprise, la ministre refuse de retirer le texte mais promet des améliorations.

Désormais, le MJS souhaite "trouver un compromis" et pourquoi pas "réconcilier les deux gauches". Mais sa position ne plaît pas à tous au sein du parti, et des rumeurs de récupération par certains cadres du PS bruissent. "Par le parcours militant des uns et des autres, on a forcément des liens avec certaines personnalités du PS", confie-t-on. Benjamin Lucas ne cache pas sa proximité avec Benoît Hamon. "Mais il ne me donne aucune consigne, il n’y a pas de contrôle, ni de mainmise", assure-t-il dans Libération. Et de conclure: "c’est bizarre, en France, on croit toujours que les jeunes sont manipulables."

https://twitter.com/ariane_k Ariane Kujawski Journaliste BFMTV