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EDITO - "Merci Cahuzac": de la transparence… et des milliards!

Jean-François Achilli, Directeur de la Rédaction de RMC et éditorialiste RMC/BFMTV.

Jean-François Achilli, Directeur de la Rédaction de RMC et éditorialiste RMC/BFMTV. - -

Les projets de loi de moralisation de la vie publique française divisent la classe politique toute entière…

"Merci Cahuzac"! Cette boutade est celle d’un député Vert qui explique que sans cette affaire retentissante, il n’y aurait pas eu ces lois qui devraient permettre d’attraper les évadés fiscaux, et récupérer des dizaines de milliards. Les débats prévus sur le sujet pourraient ne commencer que ce soir ou demain.

Ça coince encore sur le patrimoine des élus: le Parti Radical de Gauche, pourtant allié fidèle de François Hollande votera contre. Le président du groupe Roger-Gérard Schwartzenberg dénonce des textes rédigés à la va-vite. Les écologistes voteront mais à contrecœur, estimant que les futures lois ne vont pas assez loin.

Et dans l'opposition, l'UDI ne s'opposera pas aux textes

Jean-Louis Borloo et ses amis s’abstiendront, une façon très centriste d’approuver les lois en préparation. Alors que l’UMP s’opposera, en votant contre. Au cœur du litige, le sujet qui fâche: la déclaration d’intérêts. Totalement diabolique: vous saurez tout sur les activités de votre élu, s’il a collaboré avec un laboratoire pharmaceutique, s’il a touché des petits cadeaux. De l’avis d’un expert, une vraie bombe atomique qui pèsera sur les investitures quand les appareils choisiront leurs candidats...

Mais le patrimoine des élus ne sera pas publié comme celui des ministres. Claude Bartolone a gagné son bras-de-fer contre François Hollande. Même si le président de l’Assemblée Nationale avait le triomphe modeste mardi soir: "il n’y a pas de victoire sur l’Elysée, nous avons trouvé une solution ensemble", a expliqué un Barto magnanime. Au final, il n’y aura pas de grand déballage comme pour les ministres. Chaque citoyen pourra consulter à la préfecture la déclaration de patrimoine de son député, sans pouvoir la divulguer, sous peine de sanctions pénales. "A la préfecture, ou à la Kommandantur", s’interrogeait mardi un responsable centriste, inquiet de voir les Français se transformer, selon lui, en délateurs.

Avec ces textes, l'affaire Cahuzac aurait-elle eu lieu?

Franchement, oui. Un tricheur pourra toujours dissimuler la vérité. Mais à quel prix? Tout repose donc sur les moyens alloués à la future Haute autorité, qui sera composée de magistrats, d’agents du fisc, censés pouvoir accéder aux dossiers à Bercy et enquêter à l’étranger. 7000 élus vont déclarer leur patrimoine. La Haute autorité ne pourra agir qu’au coup par coup, après une révélation dans la presse, ou sur dénonciation. Nous verrons très vite si les futures lois seront efficaces, ou si elles n’étaient que de circonstance, répondant plus à une émotion qu’à la situation.

|||Jean-François Achilli, Directeur de la Rédaction de RMC et éditorialiste sur RMC et BFMTV.

Il intègre la rédaction de France Inter en 1998, intègre le service politique en 2000, dont il prend la direction en septembre 2008. Il rejoint RMC en décembre 2012 comme directeur de la rédaction et éditorialiste RMC/BFMTV.

>> Suivez-le sur Twitter @jfachilli

Violaine Domon