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L’hymne à l’amour d’Éric Ciotti au Rassemblement national: l’édito politique de Guillaume Daret
Connaissez-vous le point commun entre Éric Ciotti et Édith Piaf? Ça peut sembler curieux mais il y en a bien un! Non, rien de rien… L’ancien président des Républicains ne regrette rien… Et certainement pas son alliance avec Marine Le Pen lors des élections législatives de juillet dernier, conséquence de la dissolution. C’est d’ailleurs le titre de cette chanson emblématique de la Môme qu’il a choisi pour un livre de confidences qu’il publie cette semaine, et dans lequel il revient sur ce qui marqué un séisme à droite.
Cette alliance, du moins en a-t-on a le sentiment, l’a libéré. On le ressent d’ailleurs quand on échange avec lui depuis près d’un an. Éric Ciotti est bien dans ses baskets et on se demande même pourquoi il n’a pas franchi plus tôt le Rubicon. Peut-être était-il encore sensible à ce qu’il décrit comme le "politiquement correct".
"La gauche peut s'allier avec tout le monde, y compris avec le diable, mais la droite, elle, non, c'était interdit, et à la fin on ne sait même plus pourquoi" écrit-il.
Dans son viseur, la stratégie mise en place, selon lui, par François Mitterrand dans les années 1980 d’un cordon sanitaire avec l'extrême-droite aux seules fins de maintenir la gauche au pouvoir.
Un rapprochement précoce avec le RN
Un an après avoir sauté le pas, l’ancien député UMP assume totalement cette alliance avec Marine Le Pen et Jordan Bardella. Son analyse stratégique est très claire mais sonne comme un terrible aveu d'échec pour la droite républicaine, devenue à ses yeux en tout cas, un simple supplétif du RN.
"La droite ne peut pas gagner sans une alliance avec le Rassemblement national. Le reste, c'est une fable. Le reste, c'est tromper les électeurs de droite", juge l’ancien président des Républicains.
On y découvre aussi les coulisses de cette alliance avec le RN, beaucoup plus ancienne que ce que l’on pouvait croire… Des discussions ont lieu dès 2022, puis à l’occasion de la loi asile et immigration à l’hiver 2023. Déjà confie-t-il, Éric Ciotti évoque avec Marine Le Pen une motion censure commune puis un possible accord électoral, sans bien sûr qu’il n’en dise mot aux Républicains, dont il est alors le président, ce qui ravira sans doute ses anciens camarades.
Et puis tout s'accélère au soir des élections européennes de l’été dernier après le coup de tonnerre de la dissolution. Des SMS à nouveau échangés, avant une rencontre et un accord rapidement trouvé.
Les louanges à Marine Le Pen
En matière d’éloges, il ne fait pas dans la demi-mesure. Le zèle de nouveaux convertis? Marine Le Pen y est décrite comme une "femme d’État", "patriote", "redoutable stratège qui comprend les Français". Idem pour le président du RN Jordan Bardella: "quelqu’un au potentiel rare (...) un débatteur redoutable (...) un orateur instinctif."
Désormais dans l’intimité du couple politique Le Pen-Bardella, il s’en fait aussi un observateur de premier plan: "Ce qui me frappe le plus chez lui, c’est sa loyauté. Une loyauté pleine et entière envers Marine Le Pen.”
Ses anciens amis des Républicains, il les évoque bien, mais plutôt pour les égratigner ou pour les "dézinguer" comme on dit familièrement en politique. Il se dit "déçu" du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Mais c’est avec Laurent Wauquiez qu’il est le plus cinglant, quelqu’un qu’il décrit comme pas franchement courageux:
"À chaque moment décisif, il a reculé (…) son parcours est un gâchis, sa présidence de LR fut un échec. Tout est là: Laurent Wauquiez initie sans jamais assumer. (…) Expert malgré lui du contretemps. À force de rester caché, il a fini par se rendre inaudible.”
Aujourd’hui Éric Ciotti a fondé un nouveau parti, l’UDR, l’Union des droites pour la République. Grâce à son alliance avec le RN, il est à la tête d’un groupe de seize députés à l’Assemblée nationale.
À titre individuel, il espère bien que cet accord avec Marine Le Pen lui permettra l’an prochain de conquérir la mairie de Nice face à son grand rival, sinon son ennemi juré, le maire sortant Christian Estrosi.