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Emmanuel Macron, le Président qui ne souhaite pas se dissoudre une deuxième fois: l’édito politique de Guillaume Daret
La dissolution, Emmanuel Macron est apparemment vacciné. En tout cas, le président de la République semble lucide. Difficile de nier l'évidence: cette décision l’a affaibli politiquement alors qu’il pensait qu’elle le renforcerait. Par cette dissolution, Emmanuel Macron est passé d’une situation de président empêtré dans une majorité relative, mais une majorité quand même, à celle d’un président empêché par une absence de majorité tout court.
Il peut bien dire l’inverse, au quotidien, il n’a plus la main en matière de politique nationale. Preuve en est son coup de gueule du week-end dernier chez nos confrères de La Provence notamment contre le gouvernement accusé de "céder aux facilités du moment" en matière d’écologie. Pas content de la fin des ZFE, pas content non plus de la réintroduction d’un néonicotinoïde, pas content encore de la suspension de MaPrimRenov’.
Un coup de gueule présidentiel certes, mais qui n’a rien changé puisque le ministre de l’Économie Éric Lombard et celle de la Transition Écologique Agnès Pannier-Runacher ont confirmé la suspension de MaPrimRenov’ jusqu’au 15 septembre malgré la colère de l’Élysée.
"Réarmement institutionnel"
Mais s’il ne le souhaite pas, Emmanuel Macron n’exclut pourtant pas totalement de devoir à nouveau dissoudre l’Assemblée nationale.
"Mon habitude n’est pas de me priver d’un pouvoir constitutionnel, parce que si des formations politiques décidaient d’avoir une approche totalement irresponsable et bloquer le pays, peut-être me retrouverais-je dans une situation où je dois utiliser la Constitution", précise-t-il immédiatement.
Façon de se placer en surplomb et en arbitre de la scène politique, oubliant un peu vite qu’il est lui-même à l’origine de cette instabilité par sa décision d’utiliser l’article 12 de la Constitution au soir des élections européennes de juin 2024.
Façon aussi, pour un Président un peu démonétisé parce qu’il ne peut pas se représenter, de ne surtout pas se priver d’une des armes constitutionnelles dont il pourra à nouveau user à partir du 8 juillet prochain, moment de "réarmement institutionnel" comme le qualifie son entourage.
L’hypothèse du référendum
Car s’il est affaibli, le chef de l’État n’est pas totalement impuissant politiquement. Il dispose encore d’un certain nombre d’outils que lui donne la Constitution. La dissolution donc, même si dissoudre deux fois en un quinquennat serait audacieux pour ne pas dire hasardeux.
Le pouvoir de nomination du Premier ministre ensuite. Pouvoir considérable de choisir celui qui dirige l’action du gouvernement. L'été dernier Emmanuel Macron ne voulait pas à Matignon d’une personnalité issue du Nouveau Front Populaire pourtant arrivé en tête du second tour des élections législatives, il n’en a pas nommée.
Le référendum enfin. Emmanuel Macron évoque régulièrement cette hypothèse pour tenter de contourner les partis politiques et se placer dans un dialogue direct avec les Français. Mais là aussi, grande prudence, comme lui recommandent plusieurs de ses proches. D’un président empêtré devenu un président empêché, un référendum perdu pourrait en faire un président désavoué.