Municipales: les enjeux du 2nd tour, parti par parti

Derrière la poussée de l'abstention et du Front national, le premier tour signe un cinglant désaveu pour la majorité actuelle. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE
• Parti socialiste
La gifle était attendue, elle n'en est pas moins cinglante. Pour l'opposition, il s'agit ni plus ni moins d'un vote sanction à l'égard du parti de François Hollande. Même à gauche, certains l'avouent à demi-mots: "beaucoup de Français ne comprennent pas, aujourd'hui, pourquoi la politique menée par le gouvernement ne donne pas de résultats plus vite", a admis dimanche soir Martine Aubry, en tête dans son fief de Lille (34,86%), mais en recul de douze points par rapport à 2008.
Ce sera serré, mais le PS espère encore limiter la casse. Si tous ses candidats sont en net recul par rapport à 2008, il devrait conserver ses bastions les plus solides, comme Lille, Nantes et Lyon. Il est aussi en mesure de conserver la capitale Paris, où Anne Hidalgo possède une bonne réserve de voix. Plus difficile - mais possible - sera de conserver Strasbourg et Toulouse, villes que les socialistes avaient enlevé à la droite il y a 6 ans.
Le Parti socialiste espère également "sauver les meubles" par un jeu de fusions de listes dans les nombreuses triangulaires où le FN se maintient. Dès dimanche soir, les ténors du parti - Jean-Marc Ayrault, Manuel Valls - ont appelé au rassemblement des "partis républicains" face au Front national. Il compte également sur un sursaut des abstentionnistes, puisque l'électorat de gauche s'est moins mobilisé.
• UMP
C'est le grand gagnant du premier tour, avec 48% des suffrages au niveau national et plusieurs ténors du parti élus dans un fauteuil dès le premier tour: Alain Juppé (60%) et Eric Woerth (64%) dans leurs fiefs de Bordeaux et de Chantilly, Christian Jacob (73%) à Provins, François Baroin (62,5%) à Troyes, Bernard Accoyer (60,9%) à Annecy-le-Vieux.
Lui-même largement réélu maire de Meaux (64%) dimanche soir, le président du parti Jean-François Copé a analysé les bons scores de son parti par "l'exaspération face à la politique conduite par François Hollande" et appelé "les Françaises et les Français (...) à reporter leur voix sur les candidats de l'UMP".
Car si l'UMP, dans cette élection, est en progression, il doit néanmoins compter sur un autre parti d'opposition: le Front national. "Une situation inédite", pour le politologue François Miquet-Marty, interrogé par BFMTV. "Certes il progresse, mais il est pris entre deux feux, PS et Front national", indique-t-il.
L'UMP devra en outre s'accrocher pour arracher à la gauche Toulouse, où le maire sortant Pierre Cohen (PS) dispose d'un solide réservoir de voix et et la capitale, où Nathalie Kosciusko-Morizet est en ballottage défavorable.
• Front national
C'était la poussée du 23 mars, et sa présidente espère bien concrétiser le 31. Dimanche soir, Marine Le Pen n'a pas hésité à l'affirmer: son parti est devenu "la troisième force politique" en France, et cette élection "sonne le glas du bipartisme".
Pour la première fois, le parti frontiste a enregistré une victoire dès le premier tour dans une ville de plus de 10.000 habitants: Steeve Briois l'a emporté dans le fief d'Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais. Le FN a des raisons d'espérer en emporter d'autres: dans le Sud-Est, autres terres où le FN est traditionnellement bien implanté, le parti arrive en tête au premier tour à Perpignan, Avignon, Béziers et Fréjus notamment.
Même succès à Forbach, en Moselle, où le numéro deux du parti, Floriant Philippot, arrive en tête. Une élection qui ne s'annonce néanmoins pas gagnée pour le candidat frontiste: largement en tête à 33%, il ne dispose néanmoins pas de réserves de voix.
Dans toute la France, au second tour, le parti devrait être présent dans plus d'une centaine de triangulaires. C'est le cas à Marseille, où le candidat FN Stéphane Ravier, qui se hisse à la deuxième position, a largement devancé le socialiste Patrick Mennucci: le parti espère ainsi remporter au moins un secteur de la ville.
• EELV
C'est une poussée plus discrète, mais une poussée quand même. Au point que la coprésidente du groupe écologiste à l'Assemblée, Barbara Pompili, a observé "un appel à l'écologie" de la part des électeurs.
Les Verts peuvent espérer voir un maire EELV, Eric Piolle, à Grenoble dimanche prochain. Dans le chef-lieu de l'Isère, où EELV s'est allié avec le Front de gauche, la liste arrive première devant le PS (29,4% contre 25,3%) et l'UMP (20,9%). Eric Piolle, en position de force, a tendu la main à son adversaire socialiste en vue d'une alliance au second tour.
A Paris, Christophe Najdovski se rapproche de la barre des 10%: c'est largement plus qu'en 2008, où EELV avait fait 6,7%. Dans le 2e arrondissement, le maire sortant EELV, Jacques Boutault, arrive en tête avec près de 33% des suffrages. En outre, la socialiste Anne Hidalgo étant arrivée 2e derrière l'UMP Nathalie Kosciusko-Morizet, elle aura besoin de la réserve de voix EELV. Qui pourra donc peser de tout son poids dans les négociations d'entre-deux-tours.
EELV peut également maintenir ses listes autonomes à Lille, Valence, Rouen (11,1%), Caen (10,2%) et Poitiers (15,3%). Le parti, qui a appelé au "front républicain", a néanmoins pris le parti dimanche de se retirer au second tour, même au profit de l'UMP, dans tous les cas de triangulaires avec le Front national.
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